"Nous avons beaucoup à apprendre de nos voisins de l'Est de l'Europe", résume Mgr Kockerols après quatre jours en Ukraine. Avec les évêques de Bruges, Anvers, Gand, ils ont rencontré des hauts responsables religieux, mais surtout de nombreuses familles éprouvées par la guerre.
Épuisé par quelques jours de programme dense du matin jusqu'au soir, Mgr Kockerols s'est confié sur la visite que lui ainsi que trois évêques flamands font en Ukraine. "Nous avions exprimé depuis longtemps la volonté de poser des gestes très concrets pour montrer notre solidarité", explique l'évêque auxiliaire de Bruxelles.
A quelques heures du retour en Belgique, il tire le bilan de ces quelques jours passés à Kiev et Lviv. Partout, "la population nous dit Merci, merci d'être venus, merci d'avoir eu le courage… J'ai envie de répondre que ce n'est pas nous qu'ils doivent remercier." Il n'en reste pas moins que le déplacement de quatre évêques belges dans ce territoire en guerre montre concrètement le soutien des Belges pour la population éprouvée.
"Merci pour votre courage", disait le chef de l'Eglise greco-catholique ukrainienne en milieu de semaine
La souffrance, la résilience dans l'attente de la Résurrection
Ce n'est pas tant l'anniversaire du début de cette guerre qui marque le plus ce calendrier. "Cette semaine est surtout marquée liturgiquement par l'entrée en Carême", précise Mgr Jean Kockerols. "Nous avons vécu les trois dimensions fondamentales du mystère pascal", poursuit-il. "Nous avons approché la réalité du Vendredi saint, en visitant des cimetières comme celui d'Irpin dans la banlieue de Kiev. C'est impressionnant de voir le nombre de tombes qui sont creusés, y compris en prévision des futurs morts du jour." Les quatre évêques belges, selon le récit de Mgr Kockerols, ont aussi été "confrontés à la réalité de Pâques: la population vit en pleine résilience, avec l'espoir de la Résurrection. Puis, nous avons perçu la dimension de la Pentecôte où l'Église est habitée par l'Esprit."
Interrogé sur leurs rencontres avec l'Église ukrainienne, l'évêque auxiliaire de Bruxelles corrige : "il y a des Églises ! L'Église gréco-catholique, mais aussi les églises orthodoxes qui dépendent du patriarcat de Moscou et de Kiev…" La délégation belge a pu prendre conscience des nombreuses initiatives caritatives soutenues par les Églises. Ainsi les évêques ont visité un orphelinat ce matin même. "Nous pourrions envisager d'y apporter aussi notre soutien, ajoute Mgr Kockerols. C'est l'une des pistes que j'évoquerai à la prochaine réunion de la conférence épiscopale en rentrant en Belgique."
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Une aide précieuse et durable
Comment s'est déroulé le déplacement d'un lieu à l'autre dans ce pays dévasté ? Mgr Kockerols cite d'abord quelques contrôles sur les routes, et la vue des fenêtres renforcées par du scotch ou des planches de bois ("un peu comme ma mère le faisait pendant la guerre en 1942 à Anvers", compare-t-il). L'évêque auxiliaire de Bruxelles, comme les autres évêques interrogés cette semaine sur Kerknet, racontent avoir vus les cadavres de voitures percutés par les balles et débris d'explosion. Une deuxième image lui vient en tête : "ce matin nous sommes allés près de la tombe d'un jeune homme de Charleroi, mort au combat. Plus tard, nous irons manger chez sa maman qui est retournée vivre en Ukraine."
Mgr Kockerols se dit aussi impressionné par l'aide matérielle qui est envoyée de toute l'Ukraine. "Je ne suis pas là pour contrôler", proteste-t-il quand nous lui demandons s'il a retrouvé la trace de ce qui est parti de Bruxelles il y a quelques mois. Et puis, ce n'est pas l'essentiel. "Les Ukrainiens se sentent soutenus, ils voient que nous ne les avons pas oubliés", résume l'évêque de Bruxelles. "Entre évêques, nous allons réfléchir sur ce que nous pouvons faire pour continuer de prier pour eux dans les prochains mois."
AF de Beaudrap