A l'occasion des 150 ans de l'abbaye de Maredsous, de nombreuses initiatives ont vu le jour. Parmi celles-ci, la publication d'un recueil d'aquarelles, intitulé sobrement Maredsous. Le temps consacré.
Dessinatrice, graveuse, peintre, travaillant le textile, Ariane de Briey s'intéresse aux forces vitales dans la nature, au végétal, à l'eau. Cette fois, en observation dans l'abbaye de Maredsous, elle a opté pour des illustrations sous forme d'aquarelles.
Habituée de l'abbaye de Lérins, dans le département français des Alpes maritimes, et de l'abbaye Sainte-Anne de Kergonan, dans le Morbihan, où elle a eu l'occasion d'exposer son travail, elle observe que "chaque abbaye a son atmosphère. A Maredsous, les moines sont plutôt des électrons libres ! Il paraît que cela vient de Dom Marmion." Preuve d'une certaine liberté présente dans les lieux, les moines ne sont pas toujours en habit, mais aussi revêtus d'un costume gris sombre. De ces hommes, Ariane de Briey confie : "Ils ont une grande intelligence du cœur et font preuve d'une grande humilité. Pourtant, ils ont tous fait des études incroyables !" Loin d'être indifférents aux mouvements de leurs contemporains, "les moines sont au courant du monde; ils sont connectés. En plus, on leur confie beaucoup de choses ! Ils ont les échos de la vie par les retraitants et la lecture quotidienne de la presse."
Parmi ces hommes se trouve déployée la règle de saint Benoît. "Celui-ci était proche des gens et humain", estime l'artiste. "Sa règle évoque autant la façon de s'habiller que celle de manger. Tout y est très vécu. C'est un exemple de vivre ensemble, qui fait qu'on apprend à se respecter." De son séjour à l'intérieur de l'abbaye, sans clôture souligne-t-elle, elle a décliné un recueil d'aquarelles.
Le temps, passé au crible
C'est la question du temps qui rythme la composition de cet ouvrage. Il y a d'abord le temps des offices répartis à heures fixes: durant la semaine, les laudes (à 7h), la messe (à 12h), les vêpres (à 18h30) et les complies (à 20h30). Le dimanche et les jours de fête : les laudes (à 7h30), l'eucharistie (à 10h) et les vêpres (à 16h). Il y a aussi le temps de la lectio divina, cette lecture des Ecritures. Et puis, il y a la manière personnelle d'appréhender le temps.
Ariane de Briey a posé une question à priori toute simple aux neuf moines rencontrés : qu'est-ce que le temps ? Chacun y a répondu avec son cœur. Pour Dom Nicolas Dayez, septième abbé de Maredsous et décédé l'an dernier : "Un moine a un autre rapport au temps. Il vit dans la durée. De l’extérieur, on pourrait penser qu’il ne connaît pas le temps, mais c’est une autre conception du temps qu’il déploie. Un temps consacré à la prière, un temps dévolu au travail, un temps passé aux repas; les trois mis en relation sur le plan spirituel pour se sentir intrinsèquement unifié en épousant le temps de la communauté." Selon le frère Ferdinand Poswik, "La prière est l’horloge, elle est le temps de Dieu." Des portraits des moines complètent les différents propos et les représentent dans leur lieu de prédilection : une bibliothèque, l'infirmerie, l'accueil, une salle de classe. C'est ainsi que le père François définit le rôle d'enseignant, lui qui est impliqué au collège Saint-Benoît et a vu défiler des générations de jeunes. "C’est quelqu’un qui comprend ! Le prof se met à la place de ses élèves comme Jésus s’est mis à notre place. Il doit donner confiance et encourager l’autonomie. Ce que tu construis maintenant vaudra pour toujours pourrait être la devise qui préside à mon enseignement." A la notion du temps s'ajoute donc résolument celle de la confiance.
Angélique TASIAUX
Ariane de Briey, Maredsous. Le temps consacré. Saint-Léger Editions, 2022, 96 p.
A découvrir : https://www.cathobel.be/2022/10/les-150-ans-de-maredsous/