En cette année 2022, l’Eglise en Belgique a aussi réalisé le processus synodal sur elle-même par une consultation des chrétiens au niveau des diocèses. Loin d’être achevé, le cheminement continue. Dans sa lettre pastorale adressée à tous les catholiques du royaume, le cardinal De Kesel invite à poursuivre ensemble.

« Il est faux de croire que, maintenant que le processus synodal est derrière nous, nous n’avons plus qu’à attendre des résultats venant de « plus haut ». Nous avons appris quelque chose qui gardera toute son importance : nous avons appris à nous écouter mutuellement. » Ce passage n’est pas le premier paragraphe de la lettre pastorale du Cardinal aux catholiques, mais il reflète l’appel général de Josef De Kesel à continuer à cheminer ensemble.
Devenir une Église plus fraternelle et synodale
Le processus synodal mené cette année dans les diocèses et les paroisses démontre une aspiration à « une Eglise ouverte, accueillante, non discriminante. Une Eglise qui se fait servante », relevait l’archevêque de Malines-Bruxelles lors de la grande réunion synodale de synthèse qui s’est déroulée le 9 octobre dans la Basilique de Koekelberg.
Aujourd’hui, la lettre pastorale à propos de ce processus synodal est accessible à tous et toutes. Jozef De Kesel relève et détaille le grand désir du peuple de Dieu pour une Église moins cléricale, une Église plus authentique, une Église où les femmes sont les égales des hommes, où les gens s’écoutent vraiment et marchent ensemble.
« En lisant le rapport du processus synodal dans notre archidiocèse, nous avons une image de ce qui vit dans nos communautés chrétiennes : le chemin que nous avons parcouru jusqu’ici mais aussi l’espoir des pas ultérieurs qui doivent être faits. On aspire à une Église qui n’abandonne pas son idéal et qui reste bien consciente de la radicalité de l’Évangile, mais en même temps une Église qui, avec beaucoup de tendresse et de miséricorde, ne veut exclure personne. »
Moins de cléricalisme et donner leur juste place aux femmes
Jozef De Kesel relève « l’importance de l’écoute de chacun et de la concertation avant de décider. La collégialité et la synodalité sont le juste chemin à suivre dans la manière avec laquelle les tâches sont partagées et l’autorité est exercée dans l’Église. »
Sans garantir que les demandes de prise de responsabilité ecclésiales par des femmes recevront toutes une réponse immédiate, Mgr De Kesel déclare : « il n’est pas bon pour l’Église qu’elle ne soit qu’une affaire d’hommes ; c’est non seulement un mauvais signal pour la société mais cela donne une image dans laquelle on peine à reconnaître l’Évangile. »
« Trouver des mots qui touchent le cœur de l’homme d’aujourd’hui »
Rendre la liturgie plus vivante dans un langage qui soit compréhensible permet l’inculturation, relève Mgr De Kesel. Ce qui lui paraît essentiel pour que chacun puisse apprécier le sens de ce qui se vit au coeur de la liturgie. Il note par ailleurs que « le rapport qui a été rédigé, témoigne d’un grand désir de renouveau de l’Église. Ce désir est double. Il y a d’abord un désir d’authenticité, celui d’une Église qui reste proche de l’Évangile » sans pour autant se replier sur elle-même, devenant étrangère au monde. Le cardinal insiste beaucoup sur l’importance de proclamer l’Evangile avec douceur et grand respect, en s’inspirant de Charles de Foucauld qui n’a jamais converti le moindre musulman mais qui est devenu leur ami et est toujours resté près d’eux.
Nous compter nous paralyse
Faut-il être nombreux ? C’est un sujet d’inquiétude pour certains catholiques. Dans sa lettre, Mgr De Kesel en appelle à plutôt se poser la question de ce que nous signifions, nombreux ou pas, en tant qu’Église. « Lorsque le Pape François était au Maroc en 2019 il a déclaré : « Le problème n’est pas d’être peu nombreux mais d’être insignifiants, de devenir un sel qui n’a plus la saveur de l’Évangile. Je pense que la préoccupation surgit quand nous chrétiens, nous sommes obsédés par la pensée de pouvoir être signifiants seulement si nous sommes une masse et si nous occupons tous les espaces. »
« Ce n’est pas pour être dans l’air du temps ou simplement en vue d’une plus grande convivialité. C’est pour être des signes vivants de l’Évangile afin qu’en nous, davantage dans ce que nous faisons que ce que nous disons, on puisse reconnaître ce que le Seigneur a en vue avec son Évangile. »
Il en appelle à cultiver le respect et la douceur. « Ne pas conquérir mais être présent, telle est notre mission. Être présent et pas seulement exister et veiller à survivre. Être concerné, partageant les joies et les peines, les espérances et les angoisses de ce monde. Les temps ont certes fortement changé mais cela ne nous dispense en rien de notre mission. […] Mais encore une fois : sans l’amour, cela ne sert à rien.
Evangéliser par l’amitié et la solidarité
La lettre pastorale va bien plus loin que ces quelques extraits. Le cardinal invite tout un chacun, à s’engager comme chrétien en partageant « la vie comme Dieu lui-même nous a apporté l’Évangile en partageant notre existence. « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn 1,14). Il en va ainsi aussi de l’Église ; elle ne peut annoncer l’Évangile qu’à la condition de partager le sort de l’Humanité.
Il conclut « Ne pas croire que le sens de notre mission peut être évalué par des résultats quantifiables. Continuer à s’écouter et ne pas « céder à l’esprit de parti ni à la vanité » (Ph 2,3). Et surtout trouver joie et espérance dans la foi que rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu. »
Nancy Goethals
Cliquez ici pour le texte complet de la lettre pastorale d’octobre 2022 du Cardinal De Kesel : Poursuivre le chemin synodal.