Rarement une visite des évêques d’un pays auprès du pape et de la Curie n’aura été aussi surveillée de l’étranger. L’Eglise d’Allemagne s’est efforcée d’expliquer sa démarche synodale spécifique, sans vouloir créer le schisme.

Mgr Georg Bätzing (cf photo en médaillon), président de la Conférence des évêques d’Allemagne, a qualifié d' »éprouvante » la visite ad limina qui se terminait lors de la conférence de presse de clôture, le samedi 19 novembre dernier. Ce déplacement des représentants de l’Eglise d’Allemagne au Vatican était scruté par de nombreux observateurs étant donné les relations tendues entre les deux institutions. Il semble pourtant que la reprise du dialogue, en profondeur et en prenant le temps, entre les dicastères du Vatican et les évêques allemands a permis de clarifier les options essentielles.

Pour l’Allemagne, cette visite ad limina s’est déroulée dans un contexte bien différent de celui de la Belgique (cette semaine) ou des Pays-Bas (voir ci-contre). L’Eglise allemande est engagée depuis plusieurs années dans un Chemin synodal (Synodale Weg) qui lui est propre. Déclenché par les scandales d’abus sexuels, et surtout après un rapport accablant vis-à-vis du rôle joué par certains évêques, ce Synodale Weg rassemble des laïcs, des prêtres, des évêques et des observateurs extérieurs pour réfléchir à l’Eglise de demain pour ce grand pays.
Une première pour le Vatican
Or, ce chemin synodal entrepris par l’Allemagne évoque quelques options qui ne sont pas acceptées par l’Eglise catholique romaine, comme l’ouverture des ministères aux femmes ou la possibilité de proposer la nomination d’un évêque par les laïcs. Ces sujets sensibles étaient au cœur des rencontres entre les 67 membres de la Conférence épiscopale allemande, accompagnés de leur secrétaire générale Beate Gilles, et les responsables de la Curie ainsi que le pape François.
✍️ Lire aussi : Visite ad limina: les évêques belges ont commencé leur pèlerinage
Du déroulement général de cette visite ad limina, peu de renseignements précis ont été divulgués à l’extérieur, sauf une rencontre extraordinaire le vendredi 18 novembre. Les évêques allemands ont eu l’opportunité de dialoguer pendant plusieurs heures avec les responsables des dicastères de la Curie romaine ainsi que le secrétaire d’Etat du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin. Cette rencontre privée interdicastérielle est sans précédent, selon l’agence Vatican News, pour « un cas d’urgence de synodalité« .
« Nous sommes catholiques et voulons le rester »
La veille, les représentants de l’Eglise d’Allemagne avaient eu « un échange stimulant et en confiance » (selon les mots de Mgr Bätzing) pendant une audience de deux heures avec le pape. De ces multiples rendez-vous du lundi 14 au jeudi 18 novembre, l’évêque de Limbourg retient que « personne ne pourra dire qu’il n’a pas eu l’occasion de s’exprimer« . Face à la presse, le président de la conférence épiscopale allemande a aussi conclu en rassurant: « Nous sommes catholiques et nous voulons le rester« .
A la veille de la clôture de cette visite ad limina, plusieurs cardinaux importants de la Curie du Vatican avaient évoqué un moratoire sur ce chemin synodal allemand. « Il y a une peur que ce soit comme un incendie qui se répand ailleurs« , comprend Mgr Georg Bätzing. L’essentiel tenait sans doute à la rencontre avec le pape, que résume le représentant de l’Eglise allemande lors de sa conférence de presse: « La conversation avec le Saint-Père a été vraiment très encourageante à ce sujet. Nous avons exprimé des positions différentes, même sur le plan théologique… Le pape a souligné qu’il ne craint pas une Eglise avec des tensions, il nous a dit que pour trouver une solution, il fallait du courage et de la patience« . Cette semaine de rencontres entre les Allemands et le Vatican pourrait avoir contribuer à renouer le dialogue entre les deux Eglises.
Anne-Françoise de BEAUDRAP
En savoir plus sur l’historique du Chemin synodal allemand

Cet article provient du Journal Dimanche et vous est offert !
Vous souhaitez en découvrir davantage? Contactez-nous en ligne, au 010 / 77 90 97 ou via abonnement@cathobel.be