Nos voisins luxembourgeois le connaissent bien, puisqu'il est le saint tutélaire de la basilique d'Echternach, ville où se déroule chaque année, à la Pentecôte, une procession dansante en hommage à cet évangélisateur européen né au 7e siècle et fêté le 7 novembre.
Futur évêque d'Utrecht, saint Willibrord est originaire de Northumbrie, dans l'est de l'Angleterre. Ses parents se sont convertis au christianisme et confie leur fils comme oblat au monastère de Ripon.
A l’âge de 20 ans, Willibrord se rend à Rathmelsigi en Irlande, « l’île des saints », pour s’astreindre, sous l’autorité de son maître Egbert, à une dure ascèse avant de recevoir l’ordination sacerdotale en 688.
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Imprégné du goût de la « peregrinatio », cette mystique qui préconisait le renoncement à la patrie terrestre pour aller prêcher l’Évangile aux populations païennes, Willibrord rejoint le continent en 690 avec onze compagnons pour évangéliser les Frisons.
Un des premiers évangélisateurs européens
Pour mener à bien son entreprise, le pragmatique Willibrord cherche d’abord la protection de Pépin II qui avait réussi à refouler le roi des Frisons au-delà du Rhin. Il souhaite également agir avec l’autorité papale, il se rendit deux fois à Rome où il est sacré archevêque d’Utrecht par le pape Serge Ier en 695.
La noblesse franque, sur l’instigation des Pippinides, veut encourager le jeune missionnaire dans son entreprise, elle le comble donc de riches donations qui lui permettent de fonder des églises et des monastères. Notamment l'abbaye d'Echternach, d'où il part ensuite pour annoncer l’Évangile dans la Frise insoumise, au Danemark et en Thuringue.
La fin de la vie de St Willibrord est moins connue. Il mourut, à l’âge très exceptionnel pour l’époque de 81 ans, le 7 novembre 739 à l’abbaye d’Echternach où il est enterré selon son désir.
On prie saint Willibrord pour obtenir la guérison des enfants
Assez tôt après sa mort, son tombeau est fréquenté par des pèlerins de plus en plus nombreux, de sorte que la petite église mérovingienne dut être remplacée vers l’année 800 par une église plus grande.
Les biographies rédigées par Alcuin vers la même époque et par l’abbé Thiofrid trois siècles plus tard contribuent, par leurs légendes et les récits de nombreux miracles, à la renommée du saint dans les églises et les monastères de l’Europe cisalpine.
Les fontaines dites de saint Willibrord qui jalonnent la route du missionnaire et témoignent de son activité baptismale ont été l’objet de la vénération du peuple chrétien qui cherche la guérison de certaines maladies nerveuses constatées en particulier chez les enfants.
Un grand nombre d’églises, surtout dans les paroisses belges, néerlandaises ou rhénanes dépendant autrefois de l’abbaye d’Echternach conservent le patronage du saint. Leur attachement s’exprime par des pèlerinages faits à Echternach sur sa tombe.
La procession dansante à Echternach toujours bien vivante
Aujourd’hui encore, chaque mardi de Pentecôte, les Luxembourgeois se rassemblent dans la cour de l’ancienne abbaye d’Echthernach, fondée par le moine anglo-saxon il y a plus de mille ans, et défilent en procession dansante, à travers la ville, pour revenir ensuite à la basilique.
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Les pèlerins se recueillent alors devant le tombeau de saint Willibrord, vénéré pour ses bienfaits dans la région mais aussi pour la guérison de certaines maladies. La procession dansante a été inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO en 2010.
S.D. avec Oeuvre Saint Willibrord