Le diocèse de Liège a connu ses « héros de guerre », ses « résistants » à l’idéologie nazie, aussi en région germanophone. Sans prendre les armes, un jeune vicaire d’Eupen laisse le souvenir d’un chrétien fidèle à l’amour jusque dans la mort.
Né à Baelen le 7 mars 1904, Jean Arnolds est ordonné prêtre à Liège en 1928 et reçoit sa première nomination comme professeur au Collège Patronné d’Eupen. Cinq ans plus tard, l’évêque le nomme vicaire à Saint-Nicolas à Eupen jusqu’au 10 mai 1940. Dans cette grande paroisse germanophone, il se distingue par son dévouement pour le monde des jeunes. Il met son élan au service de tous, surtout pour l’eucharistie et la dévotion à la Vierge Marie. Mais son zèle provoque la jalousie de certaines personnes. Il devient aumônier militaire durant la mobilisation et reste en captivité jusqu’en juillet 1940.
Pendant l’occupation allemande, on lui conseille de quitter la région germanophone. Il est nommé vicaire, puis administrateur paroissial à Montzen, situé en Wallonie. Il s’engage avec cœur dans la pastorale. Certains de ses anciens acolytes se souviennent encore de lui… et de son arrestation! Sa bonté l’avait poussé à indiquer à plusieurs prisonniers de guerre en fuite le chemin vers la terre libre. Un espion s’étant déguisé en fugitif l’a dénoncé.
Ennemi public
Le 22 juin 1943, il est arrêté par la Gestapo « pour avoir favorisé l’ennemi ». Après une longue détention à la prison d’Aix-la-Chapelle (où son père était incarcéré également pour motifs politiques), il est transféré au camp de concentration de Brandebourg près de Berlin. C’est en vain que les évêques de Liège, de Bruxelles et d’Aix-la-Chapelle demandent sa libération; les recours ont été tous rejetés. Le 27 avril 1944, le jeune prêtre est condamné à mort.
Se préparant avec courage au martyr, ses lettres à sa maman témoignent d’une foi inébranlable. Jean Arnolds est décapité le 28 août 1944, à la veille de la fête de son saint patron Jean Baptiste, décapité lui aussi. Son corps est incinéré et les cendres enfouies dans une fosse commune. Son père est également décédé en prison d’une maladie. Plusieurs des fugitifs aidés par le jeune vicaire étaient des séminaristes français, certains sont devenus prêtres et ont visité Montzen après la guerre.
De nos jours, le Foyer Jean Arnolds à Moresnet-Chapelle (l’ancien Foyer de Charité) porte son nom et héberge une exposition de photos. Souvenons-nous de lui et de ses parents, témoins de la foi et de la charité.
Jean POHLEN et Emil PIRONT