Un an après la publication du rapport sur les abus, l’Eglise de France se relève. Surtout, elle prend le temps de la remise en question. Dans le même temps, si la phase diocésaine du synode sur la synodalité a peut-être été mal comprise par les Français, la directrice générale de KTO ne s’en inquiète pas trop: pour elle, la dynamique synodale est bien plus profonde.
Le 5 octobre 2021 fait office d’électrochoc en France. Ce jour-là, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (CIASE) remet son rapport. L’ampleur du phénomène éclate au grand jour. Mais c’est aussi un nouveau chantier qui s’ouvre. L’instance présidée par Jean-Marc Sauvé formule 45 recommandations. Au cours des derniers mois, l’Eglise de France ne s’est donc pas seulement douloureusement penchée sur son passé. Parallèlement au processus de consultation synodale, elle s’est aussi élancée vers l’avenir…
Dans quel état l’Eglise de France se trouve-t-elle aujourd’hui? Est-ce une Eglise convalescente?
Ce qui me frappe le plus, c’est le courage des évêques. Le seul fait d’entreprendre ce travail était déjà audacieux – en France, aucune autre institution n’a agi de la sorte! Mais je salue aussi la manière courageuse dont ils ont reçu le rapport. Au-delà des chiffres très marquants, même si on peut débattre des méthodes de calcul, le rapport démontre une faillite systémique. C’est tout le système qui a échoué à traiter les abus, à accompagner les victimes. Le diagnostic est sans appel! Cette publication a mis les évêques dans une disposition d’esprit assez remarquable. Ils ont créé neuf groupes de travail. Ils veulent aujourd’hui faire de l’Eglise une maison sûre, notamment en travaillant sur la prévention, l’accompagnement des victimes. Mais une réflexion plus fondamentale s’est aussi ouverte, sur la manière de vivre en Eglise. Des groupes travaillent ainsi sur l’exercice du ministère des prêtres ou des évêques. Et ces groupes sont pilotés par des laïcs! Je trouve que cela témoigne d’une grande audace. Les évêques, comme successeurs des apôtres, ont leur propre ministère. Mais ils montrent ici leur souci d’avancer avec le peuple de Dieu. Je sens un vrai désir de transformation, de conversion – qui, d’ailleurs, avait déjà commencé avant le rapport de la CIASE.
Propos recueillis par Vincent DELCORPS