Comme un écho à nos interrogations très actuelles sur le monde du vivant, Charles Daubas nous offre un très bon roman qui nous transporte au XVIe siècle.

S’inspirant d’un procès tout à fait authentique qui eut lieu à Autun en 1510 mettant en cause les rats qui apportaient peste et dévastaient les champs, le romancier va s’appuyer sur l’excellent avocat Chasseneuz pour la défense de ces animaux. Les a-t-on correctement informés? Il va exiger que les affiches soient posées à hauteur des accusés avant l’ouverture des débats! Tout aussi admirable tacticien qu’orateur, il mènera tout ce petit monde vers un jugement en apothéose.
La question de la place des animaux au sein de la société se retrouve dans la nécessité d’une bonne pâture pour les bœufs du boucher Caboche, gage de qualité pour les viandes appréciées par les citadins. Ne peut-on lui accorder le droit de clôturer le pré – communal – qu’il utilise pour le bien de tous?
Echappée de la ville, l’ourse n’a-t-elle pas eu raison de s’engager dans la forêt? Elle veille désormais sur Hemo, apprenti boucher. On s’attache à ce jeune homme dont le lecteur suit le parcours à travers broussailles et chemins dérobés. A son tour, il prendra sous sa protection la douce Annelle, partie juste à temps de la ferme qui l’employait – ses quinze ans lui valaient désormais d’autres regards.
Un second roman pour cet auteur qui déploie une très bonne intrigue doublée d’une belle plume, qui porte souvent à la réflexion: nous jugeons avec l’orgueil des forts, sans chercher à comprendre la raison des faibles.
Un livre intense, qui résonne un bon moment!
Geneviève IWEINS, Siloë Liège
📌 Charles DAUBAS, « Le procès des rats ». Gallimard, coll. Blanche, 2022, 16€ (remise de 5% sur présentation de cet article) + frais de port: 4,27€.