Le chargé de marketing et communication de CathoBel prend le large à vélo ! Délaissant son pays (et son boulot), Pierre Charles de la Brousse entreprend un pèlerinage au profit de Sant’Egidio. Une décision aux allures de coup de tête, qui relève en réalité d’un profond discernement.

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Ça y est, Pierre Charles de la Brousse s’est lancé ce lundi 22 août dans son Grand Tour, selon l’expression consacrée des XVIIe et XVIIIe siècles. Une telle référence historique ne doit pas nous surprendre chez cet ancien étudiant en histoire et en archéologie. Songez plutôt… Pierre a passé sept ans dans les auditoires, à approfondir ces deux spécialisations.
Ce projet de rallier l’Italie à vélo n’est pas, vous vous en doutez, le fruit du hasard. Pierre a déjà goûté à une escapade en solitaire l’année de ses 30 ans. C’était en mai de l’an dernier. De cette semaine, il retient un émerveillement lié aux paysages traversés. « En 80 kilomètres, apparaît la Meuse, puis la vallée de l’Ourthe… La dimension de la solitude n’est pas oppressante, mais connectée avec la nature. Grâce au mouvement régulier, l’esprit se laisse toucher par les paysages et les rencontres fortuites. Une forme de prière en découle, puisque le paysage extérieur rencontre celui qui est intérieur. Et même si les conditions climatiques sont compliquées, il y a une sorte d’indifférence. Je suis alors pleinement présent, là où je suis… » Avec Junior – son surnom pour les collègues de CathoBel – la dimension spirituelle n’est jamais très loin !
L’audace du départ
Des parcours à vélo, Pierre souligne « la Providence, qui invite à se laisser aller aux imprévus de Dieu et de la rencontre ». D’ailleurs, quitte à ranger son matériel du parfait campeur, il espère davantage « vivre l’hospitalité comme un pèlerin. Cela fait partie de la démarche de demander l’accueil et de créer ainsi la rencontre. De belles choses peuvent en découler. » Il suffit d’oser solliciter les gens, souligne-t-il, confiant. Car Pierre n’est pas seulement un cycliste, c’est avant tout un cycliste-pèlerin. « Je vois ce pèlerinage comme une forme de passage vers une autre réalité. J’éprouve un désir de changement. Mais il ne s’agit pas juste de mon lieu de vie ou de mon travail. J’ai le désir de vivre quelque chose de nouveau, de me confronter à un autre pays. En fait, je n’ai pas envie d’un changement à la marge, mais d’un virage radical. » Avec l’Italie, le risque semble, somme toute, relativement maîtrisé, puisque Pierre en connaît la langue, y a séjourné à différentes occasions, dont un Erasmus à Bologne. A présent, il envisage de devenir guide touristique, tenté par « l’aspiration de retourner à quelque chose de plus proche » de son domaine d’étude. Coup de cœur récent, la ville de Turin est le lieu de prédilection où il projette de s’installer. Cette ville du nord de l’Italie n’est pas seulement le siège de la marque Fiat, mais elle comporte un passé prestigieux, ayant notamment été la capitale des Etats de Savoie et du Royaume d’Italie. C’est dire si les édifices à (faire) visiter sont nombreux ! C’est aussi là que se trouve le suaire conservé dans la cathédrale, ce qui ne devrait pas, non plus, déplaire à Pierre ! Et puis, la communauté jésuite y est active, souligne-t-il, soucieux d’un ancrage spirituel sur place.
Solidement ancré
De ses années estudiantines à Namur, Pierre retient son investissement dans l’aumônerie de l’université, par le biais du Centre religieux universitaire (CRU). « Nous étions tous très soudés. Cela a été important dans mon apprentissage de la foi. » C’est là que le jeune homme s’est montré plus attentif à la présence de Dieu. « De manière générale, cette relation s’intensifie et se transforme au fur et à mesure des rencontres et des événements. J’ai eu la chance de croiser des personnes qui m’ont permis d’approfondir cette relation que j’ai avec Dieu. Je rends grâce pour eux », ajoute-t-il. Parmi ces témoins figure sa tante et marraine, « un modèle au moment de la découverte de la foi », mais aussi les deux aumôniers du CRU qui l’ont accompagné vers une meilleure connaissance de l’institution Eglise. « Cela réconcilie ! », constate, dans un sourire, celui qui a travaillé pour le Réseau Jeunesse de la Compagnie de Jésus.
Un projet en faveur des sans-abri
Animé par une envie de partage, Pierre prend la route au profit d’un projet associatif qui lui tient à cœur. Il a, en effet, choisi de mettre à profit ses coups de pédale pour remplir les caisses du Kamiano, l’antenne bruxelloise du restaurant des sans-abri orchestré par Sant’Egidio. « C’est un service hebdomadaire que j’ai rendu deux ans et demi », nous raconte Pierre. « Là, des personnes isolées viennent chercher un repas et surtout renouer avec une forme de sociabilité. » Était-ce un présage? Il a débuté son implication lors d’une veillée de Noël, quelques semaines avant le confinement. « Les secousses arrivent souvent après de telles périodes », observe-t-il.
Cap sur Rome
Parti de Belgique, Pierre se dirige donc vers la capitale italienne. « J’ai besoin d’ajouter une dimension spirituelle à ma démarche. La symbolique sera forte d’arriver à Rome, siège de notre foi catholique et de Sant’Egidio. » En guise d’itinéraire, le pèlerin a choisi de suivre en partie la via Francigena, qui relie Canterbury à Rome, tout en faisant un détour par Assise, « touché par la figure de saint François, sa proximité avec l’ensemble de la création. Sur les routes, nous devenons ses apprentis ! » Et pour que le pèlerinage soit habité par la prière, Pierre a glissé dans ses besaces des intentions, « portées et apportées au Vatican« . Paroissiens, colocataires, amis… tous ont été sollicités. « C’est hyper important pour moi d’être porté par la prière des autres. La prière personnelle prend une autre dimension quand elle est nourrie. D’ailleurs quand ma foi vacille, c’est que je ne suis pas assez en lien avec d’autres », admet-il. « Grâce à l’accompagnement jésuite, j’ai pu ancrer davantage ma prière dans la réalité de ce que je vis. » De ses rencontres mensuelles avec son directeur spirituel, Pierre retient une dynamique et des balises dans sa vie de prière.
C’est depuis La Viale-Europe, dans l’église des pères du Saint-Sacrement, que le père Xavier Dijon sj a béni le voyage et donné l’envoi de la communauté, lors de la messe du dimanche soir, chère au cœur du cycliste-pèlerin. Celui-ci l’assure, le dimanche restera jour de repos; il espère d’ailleurs prier avec les communautés locales qui l’hébergeront et suivre « une organisation de la journée avec des balises comme dans un monastère ». Alors, bon pélé, sans trop de sollicitations !
Angélique TASIAUX
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