
Cette semaine, 200 jeunes prennent la plume dans Dimanche et sur www.cathobel.be. Dans une lettre adressée à l’ensemble des chrétiens de Belgique, ils partagent leur soif d’absolu, disent leur désir d’avoir des pasteurs, insistent sur la beauté du célibat des prêtres et rejettent l’ordination des femmes.
En lisant ce texte, tous nos lecteurs ne se sentiront certainement pas rejoints. « Pour qui se prennent-ils? », s’indigneront certains. « L’Eglise doit-elle vraiment aller dans cette direction? »
Ces réactions sont compréhensibles. Même si la plume s’est efforcée d’être humble, elle court le risque de s’enfermer dans des certitudes. Notamment quand elle prétend parler au nom « des jeunes » et incarner « l’avenir de l’Eglise catholique dans notre pays ». Ou quand elle reproche à ceux dont elle ne partage pas l’opinion « un manque de compréhension du mystère de l’Eglise et de son enseignement ».
Mais passons outre ces premières réactions. De grâce, n’en faisons pas un point de rupture! Prenons plutôt le temps d’aller plus loin dans la réception du texte et dans l’accueil de ses auteurs. En trois temps.
1 – Ecoutons. Vraiment! Ecouter, cela peut paraître fade. Rien n’est pourtant moins vrai! La capacité d’écoute est une qualité rare. Ecouter, ce n’est pas d’abord préparer sa réponse ou fourbir ses arguments. C’est entrer dans le point de vue de l’autre, comprendre sa logique. Et ce peut être la voie vers l’émerveillement. Ici, en l’occurrence, prenons le temps de nous réjouir d’entendre des jeunes chrétiens prendre publiquement la parole et dire leur attachement à l’Eglise.
2 – L’écoute n’implique pas l’adhésion. Mais elle permet d’identifier finement les points de convergence et les objets de désaccord. Elle permet aussi de provoquer des déplacements. Entrer dans la logique de l’autre peut nous inviter à interroger nos propres convictions. Le Pape nous a appelés à nous mettre en chemin. Ne nous a-t-il pas aussi invités à oser une « conversion synodale ».
3 – Enfin, dans l’accueil serein de nos accords et de nos désaccords, poursuivons la route. Maintenons le dialogue. Restons en mouvement. Car faire Eglise, c’est ne jamais oublier que l’essentiel – le Christ, son annonce, son service – nous est tellement essentiel qu’il sera toujours plus fort que ce qui pourrait nous séparer.
Vincent DELCORPS