Entretien avec Florence, postulante à l’abbaye cistercienne Notre-Dame de Soleilmont (Fleurus). Dans cette rencontre, elle évoque son parcours personnel, sa vocation et aujourd’hui, à 37 ans, sa vie dans cette communauté monastique qui compte 28 membres.
📌 Emission du 17 juillet 2022 (première diffusion: 16 janvier) à 20h sur La Première.

Belge d’origine, Florence a grandi à Monaco. A 18 ans, elle part à Paris pour intégrer une école de commerce. Elle travaille comme journaliste puis, à 25 ans, rencontre les Fraternités monastiques de Jérusalem. Elle y passera cinq années. Envoyée en Belgique, pour son noviciat à Saint-Gilles, elle décide d’y rester après avoir quitté les Fraternités. Pendant cinq ans, elle travaille comme ouvrière typographe puis assistante personnelle d’un jeune myopathe. L’appel à la vie monastique est resté très fort pendant ces années, « presque douloureusement », confie-t-elle. « J’ai cherché un Ordre plus contemplatif. Après un stage de découverte, j’ai décidé de rejoindre la communauté de Soleilmont ».
« J’avais besoin de plus »
Florence a reçu la foi à 17 ans, devant une adoration eucharistique. Elle ne pensait absolument pas à la vie religieuse mais plutôt à fonder une famille chrétienne. C’était sans compter cet appel, ressenti à 23 ans: « j’ai vécu cet appel inattendu et très fort de donner toute ma vie au Seigneur dans la vie monastique. Ça s’est affiné après mon parcours aux Fraternités monastiques de Jérusalem. J’avais vraiment soif de liberté intérieure, d’amour, de bonheur et un goût très prononcé pour la lectio divina ainsi que des longs moments de silence et de contemplation. En fait, j’étouffais dans le monde. J’avais besoin de plus. » Florence analyse ce premier appel à la vie religieuse comme une forme de deuil d’une vie idéalisée : « J’ai beaucoup résisté. Je ne voulais pas quitter l’idée d’un couple, d’enfants, d’une carrière avec un travail qui me passionnait. J’étais très voyageuse, sportive et fêtarde. Je devais faire le deuil de tout cela mais en entrant dans la vie monastique, j’ai découvert que tout ce que je recherchais dans ce schéma de vie, je pouvais le trouver plus profondément. » » L’appel a tout emporté! » explique encore Florence, à l’image d’une personne qui quitte tout pour suivre à l’étranger l’être dont elle est tombée amoureuse.
Soutien familial
La foi n’avait pas sa place dans la famille recomposée de Florence. Avec un beau-père communiste et une belle-mère anticatholique, sa conversion a été assez mal perçue. « Ça a été très difficile mais ça s’est apaisé avec le temps », se souvient-elle. Et lorsqu’elle décide d’entrer dans la vie religieuse, sa famille y voit une sorte de suite logique: « Avec mes frères et sœurs, nous avons toujours été élevés dans l’idée qu’on faisait ce qu’on voulait de notre vie, donc que je sois astronaute, pilote ou bonne sœur n’était pas la question. Ma mère m’a soutenue car elle a vu mon bonheur et ça l’a même portée vers la foi ».