La mobilisation s’est effritée au cours des dernières années. Souvenez-vous, les Marches pour la Vie. Il y a une dizaine d’années, elles pouvaient réunir plusieurs milliers de personnes dans les rues de Bruxelles. Même les médias généralistes s’étonnaient de cet engouement et offraient la parole à ces manifestants, souvent jeunes, toujours courageux, qui osaient porter une parole en décalage avec l’air du temps.
A l’époque, l’Eglise aussi était très visible. Les questions de début et de fin de vie se trouvaient au cœur des propos tenus par la hiérarchie. Lorsque les journalistes croisaient Benoît XVI ou André Léonard, c’est tout naturellement qu’ils les interrogeaient sur les sujets bioéthiques sensibles – ils savaient qu’ils reviendraient avec une petite phrase qui ferait mouche…
Dans les rues comme dans les paroisses, la mobilisation s’est donc quelque peu effritée. Sans doute en raison de trois évolutions.
Le contexte législatif. Dans notre pays, les grandes lois ont à présent été votées. La question n’est plus de savoir si l’on peut franchir la ligne rouge mais de déterminer à partir de quand, et sous quelles conditions on peut le faire. Or, il est clairement plus enthousiasmant de se mobiliser pour des grands principes que pour des modalités techniques.
Le contexte sociétal. Avenir de la planète, Covid et guerre: ces derniers temps, ce trio infernal a complètement dominé l’actualité. Aujourd’hui, l’on se demande comment on va se chauffer l’hiver prochain, quels moyens investir dans la Défense, et quand on devra remettre nos masques. Les autres questions, même les plus fondamentales, sont moins d’actualité.
Le contexte ecclésial. Sur les questions bioéthiques, les positions de l’Eglise n’ont pas changé. Mais la manière de les expliquer n’est sans doute plus la même. Au-delà, si les responsables ecclésiaux estiment devoir encore intervenir dans les débats publics, ils sont conscients que leur capacité à influencer la législation s’est fortement réduite. A la confrontation, ils privilégient aujourd’hui une forme plus douce de dialogue avec la société.
Reste que les défis bioéthiques n’ont pas disparu. Que la manière dont notre société conçoit début et fin de vie – sans parler des questions de genre ou de transhumanisme – pose sérieusement question. Et qu’en tant que citoyens et chrétiens, il est aussi de notre devoir d’y réfléchir et de s’y former.
Vincent DELCORPS