Et voilà que ressurgit le débat sur le rapport entre foi et science! Cette fois, c’est la sortie d’un livre (Dieu, la science, les preuves), déjà best-seller, qui replace le sujet sur la table. L’objectif de ses auteurs n’est pas mince: ils entendent prouver scientifiquement l’existence de Dieu.
Il faut d’abord se réjouir de l’intérêt observé pour la thématique. Que l’on s’interroge sur ce que les derniers progrès scientifiques nous disent des origines du monde est chose utile. Que Dieu continue à intriguer, questionner, fasciner, témoigne sans doute de sa bonne santé. Et de la quête de sens qui habite notre société.
Nous pressentons cependant un danger. A vouloir absolument prouver que Dieu existe, ne risque-t-on pas de tomber dans un piège – voire même dans trois pièges distincts?
1 - Celui de mal comprendre la science. La science, c’est l’experte de l’observable, du mesurable, du quantifiable… Pas sûr que ces qualificatifs conviennent bien à Dieu! En outre, n’oublions pas que la science ne fonde qu’un type de rapport au réel, parmi d’autres. Il y a des réalités belles, justes, qui ne relèvent pas de son registre. Et qui n’en sont pas moins vraies.
2 - Celui de mal comprendre la foi. Peut-on refuser l’existence de l’évidence? Difficilement. Or, s’il existe, Dieu ne nous demande pas de nous incliner devant un fait solidement établi. Mais plutôt de rechercher quelqu’un. De le guetter, de l’espérer. D’avoir confiance, d’oser, de croire. De douter, de chercher encore, de trouver à nouveau. En toute liberté.
3 - Celui de mal comprendre Dieu. Certes, les grands monothéismes considèrent Dieu comme un créateur. "La création est le fondement de tous les projets divins de salut", nous enseigne même notre Catéchisme. Mais à se concentrer sur sa seule image de Créateur, ne court-on pas le risque de réduire Dieu à cette dimension? De ne voir en lui qu’un grand horloger, un architecte, un principe originel? D’oublier qu’avant toute chose, Dieu est amour. "A l’origine du fait d’être chrétien, ce n’est pas une idée que l’on retrouve", écrivait Benoît XVI dans Deus Caritas est. "C’est plutôt la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive". Dieu ne nous demande pas d’abord de croire en lui; il nous invite surtout à l’aimer, et à aimer à sa suite.
Vincent DELCORPS