Pour ce 7e dimanche de Pâques, l’abbé Joël Rochette nous fait le plaisir de commenter l’évangile selon saint Jean (17, 20-26) « Qu’ils deviennent parfaitement un… »
Les trois lectures du jour ont une même action en commun: la contemplation. Etienne contemple, les yeux ouverts, le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. Jean contemple les cieux ouverts et la beauté de la cité de Dieu où règne, ultimement, l’Amour infini. Et voici que résonne cet appel de la prière de Jésus: « Qu’ils contemplent ma gloire. »
Au terme du temps pascal et avant de recevoir l’Esprit Saint, il est donc demandé de contempler. Mais que signifie contempler et pourquoi contempler?
La contemplation n’est pas une fuite de la réalité. Bien au contraire, il faut vivre pleinement sa vie pour contempler. La contemplation d’Etienne était nourrie de tout ce qui constituait sa vie, la mort, la souffrance, les joies, les peines, les rires et les larmes. La contemplation de Jean était nourrie de sa lecture priante des Ecritures, de la Genèse (l’arbre de vie et l’eau de la création) à la fin des temps (l’alpha et l’oméga), en passant par le serviteur souffrant d’Isaïe ou la femme épousée d’Osée: ces passages bibliques sont les Écritures de nos propres vies. Etienne et Jean n’ont rien fait d’étonnant, si ce n’est prier et vivre: car là, au quotidien, que Dieu vient nous rencontrer et que nous pouvons le contempler.
Et voici qu’au lendemain de l’Ascension, il nous faut contempler Jésus, accomplissement des Ecritures, monté au ciel et qui trône à la droite du Père, celui qui reviendra à la fin des temps et que nous pouvons appeler en disant: « Viens. » Mais, comme à l’Ascension, il ne s’agit pas de rester là à regarder le ciel en oubliant la terre; au contraire, il faut contempler pour témoigner. C’est le sens même du mot martyr. C’est ce que fait Etienne en s’identifiant à la passion du Christ et en employant les paroles mêmes de Jésus sur la croix. C’est ce que l’évangile explique: témoigner pour que le monde croie à la divinité de Jésus, en ne faisant qu’un avec lui et avec nos frères. La contemplation mène à l’action et au témoignage, elle n’est pas repli sur soi mais ouverture au monde.
Et le plus beau des témoignages que l’on puisse rendre, c’est l’unité dans l’amour: « Que tous ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. » Et l’on s’aperçoit qu’il manque encore beaucoup de contemplation dans ce monde. Car l’unité des chrétiens, même si elle progresse, demeure si éloignée de ce à quoi nous sommes invités: l’unité du Père et du Fils dans l’amour.
Marie est la première à avoir contemplé le Verbe fait chair, à avoir assisté au mystère du salut à l’œuvre en son fils. En ce mois de mai, je ne peux m’empêcher de deviner Marie pleinement présente en ces lignes d’évangile: elle contemple et m’aide à contempler. Elle m’invite à ne pas désespérer sur le chemin de l’unité, mais à continuer à tisser ces liens d’amour qui sont le seul témoignage crédible de ce que nous contemplons.
Abbé Joël Rochette