Cette semaine, place à un film… bhoutanais! L’école du bout du monde nous initie à la culture des habitants de Lunana, un village perdu dans les montagnes de l’Himalaya.

Cette année, pour la première fois dans l’histoire des Oscars, un film issu du Bhoutan a concouru pour la statuette du meilleur film étranger. Un accomplissement pour ce pays enclavé entre l’Inde et la Chine qui a instauré dans sa Constitution la notion de Bonheur national brut. Cet indice a pour objectif de guider l’établissement de plans économiques et de développement pour le pays, tout en respectant les valeurs spirituelles bouddhistes. L’école du bout du monde, de Pawo Choyning Dorji, s’inscrit dans cette logique de quête du bonheur.
Ce film débordant d’énergie positive nous raconte l’histoire d’un jeune professeur, Ugyen Dorji. En dernière année d’étude, celui-ci rêve de partir en Australie pour y entamer une carrière de chanteur. Il pense s’être trompé de vocation et songe donc sérieusement à arrêter. Mais le destin en décide autrement. Uygen est envoyé à Lunana, un village perché à 3.400 mètres d’altitude, dans la chaîne de l’Himalaya. Un cauchemar pour ce jeune homme habitué au confort et à la modernité de la ville. Il accepte toutefois et se met en route vers son nouveau lieu de vie dont la route la plus proche est située à dix jours de marche. Le voyage commence donc très mal pour Uygen qui se demande comment il va s’acclimater dans ce village reculé ne comptant qu’une cinquantaine d’âmes.
Une quête intérieure
Sitôt arrivé, il regrette d’ailleurs d’avoir accepté ce poste et demande à redescendre des montagnes pour retrouver la « civilisation ». Mais ce n’est pas possible immédiatement car il faut de nouvelles provisions pour repartir. Uygen est donc bloqué et accepte d’endosser pour quelques jours l’uniforme de professeur du village. Evidemment, les mines enjouées des enfants curieux de tout et assoiffés d’apprentissages vont peu à peu le convaincre que la vie n’est pas si terrible loin d’Internet et des bars branchés.
Dans sa forme, L’école du bout du monde est donc tout à fait classique. Toute sa valeur réside dans son message empreint de spiritualité, de respect de la nature et de simplicité. La quête intérieure du jeune professeur est une invitation au lâcher-prise et à l’ouverture vers les autres. Au contact des enfants et des adultes de Lunana, Uygen se détend, apprend à observer, à écouter. Il s’intègre dans la vie du village, réfléchit à ses envies et ses aspirations profondes. Ce long-métrage est donc un remède infaillible à la morosité. Dans les paysages somptueux de l’Himalaya, en compagnie d’un sympathique yack, mascotte de la classe, on découvre une culture, une façon de vivre loin du matérialisme de nos sociétés.
Le film pose également la question du choc entre monde moderne et traditions. Beaucoup de jeunes Bhoutanais quittent en effet leur pays, à la recherche de meilleures opportunités économiques et de formation. Le réalisateur ne les blâme pas, mais il montre que le fameux indice de bonheur national brut a une raison d’être. La quête d’Uygen porte à croire qu’il est peut-être possible de faire coexister les deux…
Elise LENAERTS

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