Après deux années marquées par la crise sanitaire, les différents diocèses du royaume ont enfin pu vivre une messe chrismale « normale ». Partout en Belgique, de Mouscron à Liège en passant par Bruxelles, les fidèles se sont mobilisés en masse pour assister à la bénédiction des huiles saintes et la consécration du Saint Chrême. Retour sur cette célébration pas comme les autres 👇

🔸 Bruxelles – Cathédrale des Saints Michel et Gudule
Une foule nombreuse attend le cardinal De Kesel ce mardi 12 avril en la cathédrale bruxelloise. Assisté par Mgr Kockerols, évêque auxiliaire de Bruxelles, le primat de Belgique préside la messe chrismale dans une cathédrale comble – certaines personnes sont debout, faute de place assise. A ses côtés, ont répondu présent des dizaines de prêtres et diacres, dont des têtes plus reconnaissables que d’autres, comme Mgr Franco Coppola, nonce apostolique pour la Belgique, l’abbé Luc Terlinden, Vicaire général de l’Archidiocèse de Malines-Bruxelles, le doyen Benoît Lobbet, curé de la cathédrale, ou encore le père Tommy Scholtes, porte-parole francophone de la Conférence des évêques de Belgique.
Le cardinal tient particulièrement à signaler la présence de l’abbé Oleh Zymak, prêtre rédemptoriste belgo-ukrainien et ancien responsable de la Communauté ukrainienne à Jette. Sentant la guerre se profiler à l’horizon, le père Oleh, doctorant à Rome, a tout quitté pour se rendre auprès des siens en Ukraine et venir en aide aux victimes de la guerre. Il a vécu sous les bombes pendant près de 40 jours.

Une messe chrismale sous le signe de l’unité
Mgr De Kesel entame la célébration en communiquant sa joie de commencer la semaine sainte par cette messe particulière qui, au-delà de ses spécificités, est une manifestation d’unité : l’unité entre communautés linguistiques, la cérémonie se déroulant en français, néerlandais, anglais, avec un peu de latin ; mais aussi l’unité des peuples face à un contexte global peu réjouissant, fait de pandémie, guerres, baisse de l’influence de la foi dans la vie publique, etc.
Mais, face à l’adversité et aux obstacles qui se dressent, l’espoir est toujours là. « A l’époque de Jésus les défis étaient aussi de taille », rappelle Mgr De Kesel dans son homélie. « Le Judaïsme en tant qu’institution était sclérosé et stérile. Pourtant telle est sa certitude : le Royaume de Dieu est tout proche ! […] Jésus annonce une espérance. Le changement, le renouveau, la conversion sont possibles. L’heure n’est pas aux représailles ni au règlement de comptes mais bien à un temps de grâce. »

Tous prêtres … et serviteurs à la fois !
Dans la suite de son homélie, Mgr De Kesel évoque le livre d’Isaïe et plus précisément l’épisode de l’exil du Peuple de Dieu. Malgré la situation difficile qui y est rapportée, l’espoir reste présent car l’Esprit saint est sur le prophète Isaïe. Résonne déjà dans les paroles d’Isaïe les grandes lignes de l’Evangile, joyeuse et bonne nouvelle, que Jésus lui-même annoncera bien des siècles plus tard. Mgr De Kesel : « Lorsque cette bonne nouvelle est annoncée et que l’année de grâce commence, alors dit le texte d’Isaïe « vous serez appelés tous prêtres du Seigneur ; on vous dira servants de notre Dieu »« .

Pour le primat, un prêtre c’est celui qui rend possible l’Alliance à Dieu. C’est le Christ qui incarne pour toujours ce rôle, faisant de nous des enfants de Dieu, faisant de nous tous des prêtres mais aussi des serviteurs. Ce double rôle met en avant qu’il ne s’agit pas de se croire supérieur aux autres pour autant. « C’est dans cet esprit que le Pape François nous invite à prendre le chemin synodal », souligne Jozef De Kesel. « Il ne s’agit pas seulement de quelques changements ou adaptations, aussi nécessaires soient-ils. Nous sommes vraiment en train de tourner une page. C’est l’intime conviction du Pape […] : que seule une Église synodale a un avenir. »
L’heure est ensuite aux prêtres et diacres présents de renouveler leurs voeux. S’ensuit la bénédiction des huiles des malades, destinées aux baptêmes et du Saint-Chrême puis la prière universelle, avec des intentions en différentes langues dont le portugais et le Kinyarwanda.
Après la communion, monseigneur Kockerols prend spontanément la parole. S’adressant au Cardinal, il dit : « Après deux ans, je suis heureux de vous revoir dans votre cathédrale ». En effet, cette période a été marquée par la pandémie mais aussi par la lutte contre un cancer pour Mgr De Kezel. Ce dernier prend à son tour la parole pour partager sa grande joie d’être présent et remercier tout un chacun pour ses prières. Son allocution est très chaleureusement applaudie par le millier de personnes présentes.
Après la bénédiction finale, la procession de sortie est l’occasion pour chacun d’applaudir à nouveau le cardinal à son passage.

🔸 Diocèse de Tournai – Eglise du Bon Pasteur à Mouscron
Ce mardi 12 avril à 18h, l’église du Bon Pasteur à Mouscron était archicomble pour une messe chrismale enfin en présentiel. Il faut dire que les Mouscronnois et le doyen Michel Vermeulen attendaient depuis deux ans d’accueillir cet événement diocésain majeur, alors ils ont eu le temps de soigner les détails. Une église sobrement et élégamment décorée, une chorale enthousiaste, des moyens techniques discrets et efficaces, … Et pour ceux qui n’étaient pas parvenus à trouver une seule chaise libre, il était toujours possible de suivre la cérémonie en direct via Youtube !

Ce qui marque les esprits, lors de ce rendez-vous annuel ancré au cœur de la Semaine sainte, c’est tout d’abord le cortège de dizaines de prêtres et de diacres entrant dans l’église et qui semble s’égrener sans fin. Derniers à se présenter, les doyens principaux du diocèse et les membres du Conseil épiscopal entouraient cette année Mgr Hlib Lonchyna, administrateur apostolique de l’éparchie Saint-Volodymyr le Grand à Paris, spécialement invité par l’évêque Guy Harpigny afin de lui manifester la communion du diocèse avec le peuple de l’Ukraine, durement éprouvé par la guerre.
Mais la beauté de la messe chrismale tient aussi à son caractère rassembleur, faisant converger des fidèles venus de tout le Hainaut vers un seul lieu, le temps d’une célébration à la fois priante et festive au cours de laquelle on se retrouve, on échange, on partage. Des aspects bien présents à Mouscron malgré la gravité de la période vécue en Europe de l’Est.

« Mais où est Dieu, dans cette tragédie ?«
Le premier à prendre la parole fut d’ailleurs Mgr Hlib Lonchyna, afin d’évoquer la situation en Ukraine, non sans une certaine émotion : « Aujourd’hui, mes pensées vont spécialement à notre peuple en Ukraine, aux prêtres qui y sont restés, qui n’ont pas quitté leurs brebis. […] Ce n’est pas seulement une guerre contre le peuple ukrainien mais contre l’Humanité, cette guerre veut la destruction de l’Homme. Certains se demandent ‘Mais où est Dieu, dans cette tragédie ?’ Dieu n’est pas dans l’intention de ceux qui détruisent. Dieu est avec les pauvres, avec les souffrants. ». L’administrateur de l’éparchie de France, du Benelux et de Suisse, de l’Église gréco-catholique ukrainienne a terminé son allocution en remerciant l’évêque et l’assemblée pour le soutien apporté au peuple ukrainien.
Mgr Harpigny, lui, est longuement revenu sur le rôle de chaque baptisé dans l’Église, insistant sur la place des laïcs, sur la collaboration nécessaire entre tous, sur les dangers du cléricalisme. « C’est en s’appuyant sur le sacerdoce baptismal de tous que le Pape François a demandé de participer à un synode en plusieurs étapes. Je suis étonné d’apprendre que des diplômés en théologie catholique veulent ignorer ce sacerdoce baptismal, en le dénigrant comme une des idées non fondées du Saint-Père. »
Engagements renouvelés et bénédiction des huiles

La rénovation des promesses sacerdotales et diaconales est l’un des moments forts de la messe chrismale. Le vicaire général Olivier Fröhlich a commencé par annoncer les prêtres et les diacres jubilaires, particulièrement nombreux puisque ces anniversaires concernaient aussi les années 2019, 2020 et 2021. Puis, Mgr Harpigny a invité les uns et les autres à renouveler les engagements pris lors de leur ordination, 70 ans plus tôt pour certains…
Mais la raison première de la célébration chrismale est évidemment la bénédiction des huiles par l’évêque : l’huile des malades, destinée au sacrement des malades ; l’huile des catéchumènes, qui permettra à ceux-ci de recevoir intelligence et énergie afin de s’engager dans les luttes de la vie chrétienne ; le Saint-Chrême, utilisé dans les rites de la confirmation, de l’ordination sacerdotale et épiscopale.
Comme un moment de grâce et d’intense émotion, des chants ukrainiens d’une grande douceur sont alors venus accompagner la suite de la liturgie. Parce que parfois, les mots sont impuissants face à trop de souffrance. Mais la musique, elle, peut tenter de l’apaiser, le temps de quelques notes qu’on laisse s’envoler…
🔸 Diocèse de Namur – Cathédrale Saint Aubain

Tout un chacun était invité à participer le mercredi 13 avril à 18h à la messe chrismale présidée par Mgr Pierre Warin en la cathédrale Saint Aubain à Namur. Depuis qu’il est évêque titulaire du diocèse de Namur, c’est la première fois que Mgr Warin a pu célébrer la messe chrismale avec une large assemblée.
Les prêtres, les diacres et les fidèles étaient venus en nombre hier soir à la cathédrale. Les prêtres ont pu renouveler leurs promesses sacerdotales et les diacres ont eux aussi pu renouveler leurs engagements. Les huiles saintes ont été bénies : l’huile des catéchumènes, l’huile des malades et le Saint-Chrême.
Face à ce défilé impressionnant et atypique de soutanes blanches, le diocèse de Namur s’est même laissé aller à un petit trait d’humour sur Facebook ⬇️
🔸 Diocèse de Liège – Cathédrale Saint Paul
Ce mercredi, 13 avril de 18h à 20h a eu lieu la messe chrismale à la cathédrale Saint Paul au sein de toutes les communautés, doyennés et chrétiens du diocèse de Liège.
Comme l’a dit l’évêque Mgr Delville dans son introduction à la célébration : « Cette messe chrismale nous réunit dans la joie, après deux années de pandémie, qui nous ont empêchés de la célébrer normalement. Elle réunit des membres des communautés de tout notre diocèse, qui représentent les différents doyennés, les milieux de vie et les services diocésains. »

Et d’ajouter dans son homélie : « La joie nous anime en cette célébration, malgré les épreuves que nous avons subies récemment … Dans ce cadre tourmenté, notre célébration revêt une signification particulière. Car la bénédiction des huiles répond aux défis sociaux, comme une source d’espoir et de force. »
Mgr Delville a également souhaité s’adresser aux prêtres et aux diacres qui ont renouvelé leurs voeux de sacerdoce : « Vous avez un rôle névralgique dans l’Église et la société, pour le bien de tous. Je vous remercie tous pour votre engagement et vous encourage de tout cœur sur le chemin de votre mission dans l’année qui vient.«

🔸 Vicariat du Brabant wallon – Collégiale Sainte-Gertrude à Nivelles
La collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles brillait de mille feux hier soir. Une foule nombreuse était présente. Après deux années de confinement, c’est avec un immense bonheur que les neuf doyennés du Brabant wallon se sont retrouvés pour célébrer la messe chrismale. Toutes les générations étaient mélangées, créant ainsi une assemblée aussi riche que variée, à l’image de l’Eglise.

Cette Eglise formée de tous les états de vie a été représentée d’une belle manière durant l’ensemble de la célébration, que ce soit par le chœur de jeunes pour le psaume, les couples et les enfants pour la prière universelle comme pour la procession des huiles.
Le silence se fait peu à peu, la messe va commencer. La procession des prêtres et des diacres, de monseigneur Hudsyn et du cardinal De Kesel, arrivant deux par deux dans l’allée centrale est impressionnante. Cependant, malgré la solennité du moment, certains prêtres prennent le temps de saluer tel ou tel paroissien, par un sourire, un clin d’œil, un petit signe de la main.
« Vivre notre temps comme un temps de grâce »

De nombreux temps forts ont été vécus durant la messe. Il y avait bien entendu les vœux renouvelés des prêtres et des diacres, ainsi que la bénédiction du saint Chrême et des huiles, mais d’autres temps ont touché les cœurs, comme l’homélie du cardinal Josef de Kesel (à retrouver en entier en cliquant ci-contre).
En entendant les témoignages de membres de l’assemblée à la sortie de la messe, le message du cardinal a été vécu comme un baume sur les cœurs meurtris par les évènements que nous avons vécu et vivons encore. Nous avons été invités par le cardinal à œuvrer ensemble, courageusement, pour la gloire de Dieu :
Une Eglise synodale où personne ne s’élève au-dessus des autres. Ce n’est pas une œuvre humaine. C’est l’œuvre de la grâce de Dieu. Ne fermons donc pas notre cœur. Résistons à la tentation du scepticisme et du défaitisme. N’excluons pas d’avance les surprises de l’Esprit, maintenant, aujourd’hui. C’est le ‘maintenant’ de l’Evangile dont Jésus a parlé dans la synagogue de Nazareth. C’est là notre défi : de vivre notre temps comme un temps de grâce.«
Renouvellement des voeux et bénédiction des saintes huiles
Les prêtres et les diacres ont renouvelé leurs vœux et leur volonté de servir l’Eglise. Les visages étaient graves, et l’émotion palpable. A la procession à la fin de la messe, des fleurs leur ont été offertes par des personnes de l’assemblée, sous les applaudissements. Un beau moment de reconnaissance pour leur dévouement. Le cardinal a également prié pour les animateurs pastoraux.
Ensuite, les huiles destinées aux catéchumènes, futurs baptisés et confirmés, ainsi que pour les sacrements des malades et l’ordination des prêtres ont été bénies par le cardinal De Kesel.
A la fin de la messe, un verre de l’amitié était proposé aux fidèles. L’occasion de pouvoir, enfin, partager un moment convivial, le sourire non masqué aux lèvres ! En se faufilant entre les différents groupes, on pouvait y entendre des phrases comme « c’était quelque chose d’exceptionnel et de particulier », ou encore « ça faisait du bien. On avait besoin de ça, de se poser et d’être apaisé ».

Texte : C.L. (avec les services presse et communication du centre pastoral de Bruxelles, du diocèse de Tournai (Agnès Michel), du diocèse de Namur, du diocèse de Liège et du Vicariat du Brabant wallon)
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Illustrations : Sébastien De Bock (catho-bruxelles) / Agnès Michel (diocèse de Tournai) / Page Facebook du diocèse de Namur / M.D. – Diocèse de Liège Bistum Lüttich / site web du Vicariat du Brabant wallon