Edito – Une France bouleversée


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Edito – Une France bouleversée
Par Christophe Herinckx
Journaliste de CathoBel
Publié le
2 min

La politique française semble être devenue indéchiffrable. Depuis l’avènement de la Ve République en 1958, la Belgique francophone suit avec intérêt, voire passion, les élections présidentielles qui se succèdent en France, de septennat en quinquennat… Phénomène étonnant, qui s’explique en partie par le fait que, pendant des décennies, la politique hexagonale était bien plus lisible que la nôtre: des partis de gauche et de droite clairement identifiés et ultra-majoritaires, avec des programmes en apparence cohérents, et un duel final entre les leaders issus respectivement de ces deux partis.
Mais, au cours des vingt dernières années, ces repères se sont estompés. Avec, comme point de départ symbolique, l’arrivée de Jean-Marie Le Pen, le père de Marine, au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2002, face à Jacques Chirac. Aujourd’hui, en 2022, la droite et la gauche traditionnelles se sont réduites à peau de chagrin, tandis que les extrêmes, de gauche comme de droite, rassemblent plus de 50% de l’électorat. Et, entre ces deux pôles, la résurrection d’un centre politique mené par le président-canditat Emmanuel Macron.
Ce redécoupage electoral est le symptôme d’une politique bouleversée, à l’image de notre monde, où se croisent et se recouvrent enjeux économiques, sociétaux, écologiques. Ainsi, on trouve désormais des "recettes" économiques d’extrême-gauche dans des programmes d’extrême-droite, et réciproquement. L’écologie s’invite dans le programme de tous les partis. Et à travers tout cela, un thème classique demeure: celui, existentiel, de l’identité française. Les électeurs veulent-ils une France davantage intégrée dans l’Union européenne ou, au contraire, une France souveraine, se concentrant sur elle-même? Par rapport à cette question, le choix d’Emmannuel Macron ou de Marine Le Pen au deuxième tour de la présidentielle, ce dimanche, apparaît un peu plus clair.
Sur ce thème de l’identité française, la "mystique républicaine" de Charles Péguy, auquel nous consacrons un dossier dans ce numéro, peut s’avérer inspirante – pour les Français comme pour nous. Pour l’écrivain, la "mystique", c’est cet élan premier, cette inspiration qui est à la source de tout engagement politique, au sens le plus noble du terme. Un engagement qui vise à créer une société harmonieuse, d’où la misère est exclue, et où l’égalité est une valeur réellement vécue. Cette société "juste", pour Péguy, s’appelle "République". La France bouleversée d’aujourd’hui est-elle prête à relever ce défi?

Christophe HERINCKX

Catégorie : En dialogue

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