
Bien sûr, il y a bien des manières d’être fécond – l’Eglise ne dit pas le contraire! Mais si elle a une large acception du terme « fécondité », elle n’en demeure pas moins attachée à son sens premier: pour elle, si un couple reçoit le sacrement de mariage, il doit se montrer ouvert à l’accueil d’enfants. Elle considère même le refus d’enfants comme un « péché » qui va « gravement » à l’encontre du sacrement.
Sans doute ce discours a-t-il longtemps pu relever de l’évidence. Mais dans notre société, il est aujourd’hui questionné par diverses évolutions, et notamment par ces adultes, toujours plus nombreux, qui font le choix de n’avoir pas d’enfant.
La question se pose: l’Eglise devrait-elle faire évoluer son discours sur la question? Ne devrait-elle pas davantage respecter le choix de ces adultes qui veulent s’unir devant Dieu mais ne se sentent guère la fibre parentale? Ces personnes qui, à l’éducation d’un enfant, voudraient privilégier un plein engagement professionnel, associatif ou sportif? Ou qui redoutent tellement l’avenir qu’ils refuseraient de l’imposer à d’autres?
Sans éluder la question, prenons le temps de mieux comprendre la position de l’Eglise. D’en montrer la pertinence et la beauté aussi. En tout cas sur deux points.
- L’Eglise n’est pas d’abord un ensemble de règles. En aucun cas, le catéchisme ne devrait être la porte d’entrée de l’Eglise. Dans les faits, lorsqu’un jeune couple se présente à elle, on ne commence (normalement) pas par lui présenter interdits et obligations. Mais, avec délicatesse, prêtres et laïcs lui expliquent la beauté du sacrement et l’assurent d’un accompagnement fraternel. Ce n’est que de cette manière que certains prescrits peuvent prendre sens.
- Le discours de l’Eglise ne s’adresse pas qu’aux couples; c’est aussi un message envoyé à la société tout entière. Une façon de dire que la vie doit toujours être défendue, osée. Un appel au don, à la générosité. Aujourd’hui, rares sont ces voix qui ont foi en l’avenir; elles sont donc précieuses!
Reste que la question demeure pertinente. Sans vouloir ici la trancher, relevons que par le passé, la position de l’Eglise a déjà évolué. Longtemps, l’Eglise réduisait le mariage – et, conséquemment, l’acte sexuel – à sa seule dimension procréative. Aujourd’hui, elle considère le mariage comme moyen de « sanctification et de salut » (de plein épanouissement, dirions-nous) des époux. C’est déjà ça!
Vincent DELCORPS