Commentaire de l’évangile – Père Eric Vollen : “Dis-moi: où es-tu caché?”


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Commentaire de l’évangile – Père Eric Vollen : “Dis-moi: où es-tu caché?”
Par Angèle Mamuza
Publié le
3 min

"La paix soit avec vous!"... Récit à la première personne... pour cet évangile de Thomas et dont le père Eric Vollen nous livre son commentaire.

Dans le cellulaire de la prison, au cœur de l’hôpital, sous les bombes qui tombent, dans la barbarie de la guerre, sur les routes des réfugiés, ou sur les cartons des SDF qui s’apprêtent à passer une nuit sans sommeil, où donc es-tu Seigneur? Dans les violences de toutes sortes et les abus multiples, où donc es-tu? Me vient alors cette chanson de Stromae: "Dites-moi d’où il vient, enfin je saurai où je vais, Maman dit que lorsqu’on cherche bien, on finit toujours par trouver, elle dit qu’il n’est jamais très loin, (…) dis-moi où est ton Papa? Sans même devoir lui parler, Il sait ce qu’il ne va pas…". Cela m’a fait penser à Dieu. Dans ces lieux de souffrance et de désespérance, il n’est pas aisé d’y trouver les signes de sa présence.

L’Evangile de Thomas m’a fait penser à ces situations. Celles où nous nous sentons comme enfermés, prisonniers de nos peurs, de la haine, de la colère ou de la culpabilité. Un conjoint qui est parti, qui nous a trahis, une mort brutale, les disputes irrémédiables dans la famille… Ces situations qui sont autant de prisons intérieures, qui nous tuent à petits feux, qui nous emprisonnent. Comment pardonner l’impardonnable? Comment briser la spirale de la rancœur et du ressentiment? Dans ces situations sans issue, où es-tu?

C’est là où Jésus est capable de s’introduire dans ces prisons intérieures: "La paix soit avec vous!" Et nous pouvons lire ce récit au cœur de celui de nos vies, à la première personne. Jésus vient à eux, comme Il vient à nous, dans nos détresses, nos épreuves, nos difficultés, nos échecs, nos faiblesses, notre péché. Il leur donne - et nous donne - sa paix, son pardon, son Esprit. Dans nos relations humaines, le pardon peut être synonyme de résurrection. Cela ne dépend pas de nos efforts; il est l’œuvre du Christ dans nos vies et du don de son Esprit.

En leur montrant ses mains et son côté, Jésus les invite à regarder en face ces plaies dont il garde les traces, comme pour ne pas fuir ce passé qui leur a fait si mal, mais le regarder de manière différente. Sa résurrection n’abolit pas le passé, la croix, la mort: elle les transfigure. Elle y remet un zeste d’espérance, elle nous tire du désespoir et de la mort, elle fait passer des ténèbres intérieurs à la lumière de la vie. Le don de son Esprit se manifeste de façon concrète. Jésus ressuscité veut garder par amour les stigmates de la passion, les blessures du passé. Personne ne peut les effacer. Il restera toujours une cicatrice.

Le doute de Thomas et le nôtre nous auront fait comprendre que la souffrance n’a pas été un hasard dans nos vies, un obstacle qu’on fait sauter et qu’on oublie, mais qu’elle fait partie de l’aventure de la vie. Bienheureux doute qui nous oblige à toujours aller plus loin dans cette mystérieuse loi de mort et de vie. Comment croire que les blessures non cicatrisées peuvent être porteuses de vie et de résurrection? Qu’une vie nouvelle et inattendue peut jaillir des brisures de nos vies? Comment faire pour que l’amour transfigure la souffrance et la mort qu’il ne recherche pas, qu’il combat même? Une question toujours ouverte… Qui nous conduit à la Vie.

Père Eric Vollen, s.j.

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