
Depuis quelques semaines, le monde universitaire de notre pays se trouve secoué. On semble soudainement y découvrir que plusieurs affaires d’abus – sexuels ou non – se sont produites entre les murs de ces vénérables institutions. Et, surtout, que certains cas n’auraient pas fait l’objet du traitement approprié.
En lisant analyses et témoignages, nous n’avons pu nous empêcher de penser à notre chère Eglise. Car force est de constater qu’entre le monde académique et le monde ecclésial, des similitudes existent.
Là comme ici, on a ainsi pu avoir – et on a souvent encore – cette tendance à classer les gens en deux catégories. D’un côté, les professeurs (les prêtres); et de l’autre… tous les autres. La distinction s’établit le jour où l’impétrant se drape de sa toge (ou de son aube). Et par la suite, même s’il est invité à se mettre au service de l’ensemble de la communauté, il peut lui arriver de l’oublier. Et de tomber dans les dérives d’une autorité mal placée.
Là comme ici, on se complaît parfois dans un certain entre soi. On a son propre jargon, ses petits rituels, ses normes bien à soi. Révélateur: plusieurs mêmes expressions se retrouvent des deux côtés – pensons aux « baptêmes », aux « chaires » ou aux « doyens ». On cultive le goût de la communauté mais on nourrit aussi un certain esprit de clocher. On a parfois tendance à se tenir par la barbichette. A mélanger les pouvoirs. Au risque de manquer d’air et d’indépendance. Au risque de se déconnecter du reste du monde. Au risque d’oublier les règles du reste du monde.
Là comme ici, on a toujours été très attaché à sa réputation. A son image. A ce qu’elle brille. Et là comme ici, on a longtemps joui d’un prestige particulier – celui d’une élite intellectuelle, celui d’une autorité morale. Et pourtant, en fait, là comme ici, on n’est pas franchement meilleur qu’ailleurs.
Et si la comparaison entre ces deux univers a ses limites, c’est donc bien là comme ici qu’un travail en profondeur doit être opéré – ou a dû l’être. Un travail de transparence, de justice, de sanction, de réparation, de sensibilisation, de formation, de réinvention. Ce travail, jamais inachevé, est vraiment nécessaire: c’est lui qui permettra au reste du monde de se rappeler qu’au-delà de leurs vices, ces deux univers sont extraordinaires.
Vincent DELCORPS