La semaine dernière s'est terminée de triste manière avec l'annonce du suicide de Gaspard, le fils aîné et aimé d'Anne-Dauphine Julliand. Il allait avoir 20 ans.
En octobre 2020, Anne-Dauphine Julliand dédiait son livre "Consolation" à ses deux fils, leur souhaitant "qu'ils aient toujours la force de pleurer".
Sans même avoir vu le visage de Gaspard, les lecteurs d'Anne-Dauphine Julliand ont pourtant l'impression de le connaître, tant sa présence est distillée dans ses récits.
Ainsi, lors du mariage de sa belle-sœur, la maman confie-t-elle : "J'aperçois Gaspard qui joue au loin avec ses cousins dans son costume d'honneur déjà couvert de taches. Ça n'est pas le même petit garçon qu'hier soir, celui que j'enserrais de toutes mes forces pour calmer son chagrin."
Ou à l'arrivée de Ticola, un cochon d'Inde : "Quelle merveilleuse idée a eue Raphaëlle, la maman de Loïc, en offrant un animal de compagnie à Gaspard ! Tous les deux, ils forment une équipe inséparable. Gaspard lui raconte ses journées, lui fait partager ses joies, lui confie ses chagrins."
Prévenant et attentif, l'enfant a connu l'irruption de la maladie tout jeune, lui qui a accompagné les courtes vies de ses deux sœurs Thaïs et Azylis, atteintes de leucodystrophie métachromatique.
Une lucidité hors norme
"Est-ce vraiment nécessaire de toujours comparer les malheurs ? De les hiérarchiser et de les classer ?", s'interroge déjà Anne-Dauphine en mars 2011.
A l'époque paraît son premier récit, au succès immédiat : "Deux petits pas sur le sable mouillé". L'épigraphe du livre revenait déjà à Gaspard : "C'est pas grave la mort. C'est triste, mais c'est pas grave."
"Nous ne choisissons pas les épreuves qui ébranlent notre vie. Elles s'imposent à nous sans nous consulter au préalable pour savoir si nous serons capables de les endurer. (…) Nous aussi, cahotés par l'épreuve, nous restons maîtres à bord de notre vie. Parce que nous pouvons choisir la manière de vivre cette souffrance", affirme l'auteure dix ans plus tard, dans une réflexion à l'allure prophétique.
Par ses textes très personnels, Anne-Dauphine Julliand a partagé avec de nombreux lecteurs une part de son intimité, rendant ses enfants habitués de nos cœurs. Qu'elle et sa famille soient assurées de nos prières.
Angélique TASIAUX