Afghanistan : la lente disparition des femmes


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Afghanistan : la lente disparition des femmes
Par Angélique Tasiaux
Journaliste de CathoBel
Publié le
3 min

« Nous sommes préoccupés par les efforts continus et systématiques visant à exclure les femmes des sphères sociales, économiques et politiques dans tout le pays », affirment des experts onusiens dans un communiqué. Ils appellent à une levée des restrictions imposées aux droits fondamentaux des femmes et des filles.

Depuis leur arrivée au pouvoir, les nouveaux dirigeants afghans « institutionnalisent » la discrimination et la violence sexiste à grande échelle et de manière systématique contre les femmes et les filles. Ces politiques d’exclusion et de discrimination sont appliquées par le biais de mesures telles que l’interdiction pour les femmes de reprendre leur travail et l’obligation pour un parent masculin de les accompagner dans les espaces publics. Les experts onusiens rappellent également l’interdiction faite aux femmes d’utiliser seules les transports publics, ainsi que l’imposition d’un code vestimentaire strict réservé aux seules femmes et filles.

Davantage de pauvreté

« En plus de limiter fortement leur liberté de mouvement, d’expression et d’association, ainsi que leur participation aux affaires publiques et politiques, ces politiques ont également affecté la capacité des femmes à travailler et à gagner leur vie, les enfonçant davantage dans la pauvreté », ont indiqué les experts, ajoutant que « ces politiques, prises dans leur ensemble, constituent une punition collective des femmes et des filles, fondée sur des préjugés sexistes et des pratiques néfastes ». Ainsi le droit fondamental des femmes et des filles à l’enseignement secondaire et supérieur continue-t-il d’être bafoué, « sous prétexte que les femmes et les hommes doivent être séparés et que les étudiantes doivent respecter un code vestimentaire spécifique ». La grande majorité des écoles secondaires de filles restent fermées, tandis que les filles se voient refuser l’accès à l’école.

Un démantèlement des services de prévention de la violence sexiste

Parmi les fermetures de lieux au bénéfice des femmes se trouvent de nombreux refuges, tout comme les tribunaux spécialisés et les unités de poursuite chargées de faire appliquer la loi de 2009 sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Beaucoup d'assistantes sociales sont également dans l'incapacité d'exercer pleinement leur travail. Face à ces mesures répressives et discriminatoires, un risque accru d’exploitation des femmes et des filles est à craindre, notamment dans le cadre de la traite à des fins de mariage d’enfants et de mariage forcé, de l'exploitation sexuelle et du travail forcé.

Des départs pour survivre

La répression vise particulièrement les militantes et les dirigeantes de la société civile, les femmes juges et procureurs, les femmes membres des forces de sécurité, les femmes anciens fonctionnaires et les femmes journalistes. Exposées au harcèlement, aux menaces de violence et parfois à la violence, beaucoup ont été contraintes de quitter le pays. A cette vulnérabilité des femmes s'ajoute encore celle liée à l'appartenance à une minorité, qu'elle soit ethnique, religieuse ou linguistique comme les Hazara, les Tadjiks, les Hindous...

Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire; ils ne font pas partie du personnel de l'ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.

A. T. avec ONU Info

Illustration (c) CCO Pxhere


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