«Effacer Noël n’est pas un moyen de lutter contre la discrimination», a affirmé, ce 30 novembre, le cardinal Pietro Parolin. Le Secrétaire d’État du Saint-Siège, réagissait à la sortie d’un document interne de la Commission européenne qui invite à ne pas utiliser certains termes, dont «Noël».
Un document commandé par Helena Dalli (photo), commissaire européenne à l’Égalité, suggère de privilégier en interne, au nom de l’inclusivité, certaines expressions. Selon le document – dont le média italien Il Giornale s’est fait l’écho -, il serait ainsi préférable d’utiliser les termes «période de vacances» à ceux de « période de Noël». De même, il faudrait éviter lors d’une réunion d’employer les mots “Mesdames et Messieurs” pour préférer une formule neutre : “Chers collègues”.
Ces révélations ont suscité une vive réaction du côté du Vatican. Le secrétaire d’État du Saint-Siège a signifié sa désapprobation dans une courte vidéo diffusée sur le portail Vatican News. Reconnaissant d’abord que le souci d’effacer toute discrimination est juste, le cardinal Parolin a déploré la méthode employée par la Commission européenne pour y parvenir. Pour lui ces préconisations effacent les différences et tendent vers l’uniformisation. Plus encore, elles vont à l’encontre de la réalité.
Le cardinal déplore «l’annulation de nos racines, notamment en ce qui concerne les fêtes chrétiennes, la dimension chrétienne de notre Europe », a-t-il ajouté. Cette tendance qui détruit la différence et les racines signifie au final «détruire la personne ».
La commissaire européenne a revu sa copie
Sur son compte Twitter, la commissaire Helena Dalli avait tenu à réagir aux «inquiétudes» concernant ses “Lignes directrices sur la communion inclusive”. Elle avait promis de les examiner et de mettre à jour son document. Chose faite ce 30 novembre avec le retrait de ces lignes directrices internes sur la communication inclusive.
La Commission des épiscopats de l'Union européenne (COMECE) s'est immédiatement réjouie de ce retrait. Tout en respectant le droit de la Commission Européenne de modeler sa communication écrite et verbale, et en appréciant l’importance de l’égalité et de la non-discrimination, la COMECE a fait savoir par communiqué qu'elle s’inquiétait "de l’impression qu’un parti pris antireligieux caractérisait certains passages du projet de document. Le projet de lignes directrices, par exemple, décourageait les membres du personnel de la Commission européenne à faire référence dans leurs communications aux vacances de Noël, à l’expression « noms chrétiens » ou à des noms qui proviennent généralement d’une religion."
Dans ce même communiqué, le Président de la COMECE, le Cardinal Jean-Claude Hollerich SJ, a déclaré : « La neutralité ne peut pas signifier reléguer la religion à la sphère privée. Noël ne fait pas seulement partie des traditions religieuses européennes, mais aussi de la réalité européenne. Le respect de la diversité religieuse ne peut pas conduire à la conséquence paradoxale de la suppression de l’élément religieux du discours public ».
Le Président de la COMECE a également souligné que « si l’Église catholique dans l’UE soutient pleinement l’égalité et la lutte contre la discrimination, il est également clair que ces deux objectifs ne peuvent pas conduire à des distorsions ou à l’autocensure. »
P.G. (avec Cath.ch)
(photo du compte Twitter d'Helena Dalli).