La réalisatrice Rachel Lang dépeint le quotidien de légionnaires et de leurs épouses, en s’inspirant de sa propre expérience.
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L’armée est une maîtresse exigeante. Les hommes et les femmes engagés dans la légion étrangère partent parfois pour des mois, très loin de leur foyer. Les épouses et les époux se retrouvent alors seuls, à gérer le quotidien familial, en attendant fébrilement leur retour. Ce mode de vie particulier a inspiré la réalisatrice Rachel Lang pour son deuxième long-métrage de fiction, Mon légionnaire. Elle raconte dans ce film les destins croisés de deux couples, celui de Céline et Maxime ainsi que celui de Nika et Vlad. Le premier est déjà bien installé, a sa routine, un enfant. Avocate, Céline est amenée à voyager beaucoup. Elle s’est habituée à voir partir son mari dans des pays en guerre et parvient à relativiser. Pour Nika et Vlad, en revanche, c’est plus compliqué. Ces deux jeunes Ukrainiens ne sont pas encore mariés. Nika débarque dans la base militaire sans rien connaître de ce monde tandis que Vlad est déjà envoyé à l’étranger. C’est là qu’elle fait la connaissance de Céline, qui lui propose de garder son fils quand elle s’absente. Petit à petit, Nika va apprendre à vivre cette existence particulière, aux côtés des autres femmes et maris.
Mon légionnaire est intéressant pour plusieurs raisons. D’abord par son sujet qui se penche sur un univers dont on parle peu. On imagine en effet rarement les conséquences pour les épouses et les époux des militaires de la Légion étrangère. Seuls à la maison, ils doivent gérer leur stress et la peur d’apprendre une mauvaise nouvelle, en plus de l’ensemble des tâches quotidiennes et de leur propre travail. Rachel Lang leur rend donc hommage, en soulignant l’importance de leur sacrifice pour le bien-être de leur compagnon ou compagne. Ils ne risquent peut-être pas leur vie mais ils sont un maillon essentiel de la bonne réussite des opérations militaires à l’étranger. Un rôle de l’ombre qu’on oublie trop souvent.
Un ancrage personnel
La réalisatrice n’écarte pas pour autant les soldats postés à l’étranger. Un milieu qu’elle connaît fort bien puisqu’elle a elle-même été militaire. D’abord comme soldate quand elle avait dix-neuf ans, puis comme officier, une fois ses études terminées. Ce parcours atypique donne une réelle plus-value à son film. Sa connaissance du vocabulaire, des gestes et procédures permet d’ancrer son récit dans une réalité, loin des clichés et maladresses qu’un cinéaste sans expérience de terrain aurait pu commettre.
En montrant les deux côtés, Rachel Lang peut parler du couple et de l’éloignement. Les portraits croisés de ces hommes et ces femmes investis d’une mission sont l’occasion de se rappeler qu’il y a plusieurs façons de s’aimer. Les crises de confiance sont le lot de tous les couples, même s’ils ne se voient pas tous les jours. L’amour et le respect de l’autre demandent du travail et rien n’est jamais acquis. Les portraits de ces légionnaires et de leurs proches peuvent constituer une piste de réflexion. Une piste seulement, car chaque couple est unique.
Elise LENAERTS

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