Avec des mots qui osent la douleur, Grégoire Delacourt déterre l’enfant abusé et caché dans ses romans pour le révéler et le relever.

Après dix années de plume d’écrivain et neuf romans, Grégoire Delacourt achève ici son parcours de silence. Au travers de ses romans, caché derrière ses personnages d’enfants blessés, il remonte jusqu’à la faille originelle. Lentement, l’auteur sort de l’ignorance de l’origine de son mal et se construit un chemin de délivrance. "Le jour où j’ai appris que j’étais une victime, je me suis senti vivant." Dans L’Enfant réparé, l’auteur se montre enfin sans filtre, avec ses blessures et ses faiblesses. Un texte d’une grande force qui parle de son enfance, de son couple, de paternité, d’amour et de manque d’amour. Celui de sa mère dont il doute, ne percevant pas les éloignements de la maison familiale qu’elle lui impose, comme de nécessaires preuves d’amour. "Ecrire c’est périlleux, c’est ouvrir des tombes."
A peine posé le point final de son livre Mon Père, édité en 2019, dans lequel un père veut venger son enfant abusé par un prêtre, l’auteur a ressenti le besoin de creuser sa propre histoire et de déterrer le cadavre de l’enfant qui le hante. "J’y ai fait le lien entre mes livres. J’y ai vu ce qu’ils disaient et que je ne voyais pas. J’ai été y chercher cet enfant que tous mes textes bousculaient. Les mots ont été une corde avec laquelle je l’ai remonté au monde." L’écriture à l’encre sympathique utilisée pour cacher sa propre histoire dans ses précédents ouvrages, se révèle dans ce nouveau roman qui nous fait entendre que "le bruit des livres et le silence des mères peuvent sauver".
Catherine DELPERDANGE, Librairie CDD Arlon
Grégoire Delacourt "L’Enfant réparé". Editions Grasset, octobre 2021, 231 p., 19€
(+ frais de port) – Remise de 5% sur évocation de cet article.