
La semaine dernière marquait la sortie d’un ouvrage consacré à l’histoire de l’athéisme en Belgique. Les auteurs y constatent notamment la rapidité avec laquelle, en nos contrées, la religion recule – et l’incroyance avance. S’ils ne se risquent pas à tenter de chiffrer l’ampleur du phénomène, ils ne craignent pas d’affirmer qu’ »une chose est certaine », et que cette chose, c’est que « la Belgique compte de plus en plus d’incroyants ».
La tendance est sans doute peu contestable. Il n’en demeure pas moins qu’elle peut être interrogée. Ne fût-ce que dans la catégorisation qu’elle impose. En 2021, cela a-t-il encore beaucoup de sens de classer la population en « croyants » d’un côté, et « non-croyants » de l’autre? En outre, n’est-il pas paradoxal de qualifier d’incroyants ceux qui croient que Dieu n’existe pas? N’est-ce pas faire déshonneur à ce en quoi ils croient? Et n’est-il pas un peu présomptueux de présenter les chercheurs de Dieu comme des croyants? N’est-ce pas faire peu de cas des doutes qui les assaillent parfois?
Et si, au lieu de partir des étiquettes, on partait du réel? De la mort, par exemple. Comme l’explique l’archéologue Pierre Noiret dans le journal de cette semaine, c’est pour répondre aux questions fondamentales de l’existence, et notamment celle de la mort, que des rites sont nés et qu’apparurent les religions. Par la suite, celles-ci se développèrent. Pour le meilleur mais aussi pour le pire. Elles se dotèrent de structures et d’infrastructures, se drapèrent de certitudes, s’enrobèrent de normes et de dogmes. Au point, parfois, de s’éloigner du réel.
Reste que si les religions ne parviennent plus toujours à rejoindre nos contemporains, les questions fondamentales, elles, n’ont pas disparu. Et face à la mort, peut-être y a-t-il des croyants et des incroyants. Mais il y a d’abord des questions. Des doutes et des craintes, des larmes et des béances, des deuils et des colères, des silences et des cris. C’est au cœur de ces grands passages que se révèlent aussi nos vies.
Et c’est là que l’Eglise doit être. Humblement. A genoux. A voix basse. A sa place. Avec une espérance plus que des certitudes. A accompagner ceux qui partent, à soutenir ceux qui restent. Et à offrir le ciel pour horizon.
Vincent DELCORPS

Cet article provient du Journal Dimanche et vous est offert !
Vous souhaitez en découvrir davantage? Contactez-nous en ligne, au 010 / 77 90 97 ou via abonnement@cathobel.be