Ce dimanche 17 octobre s'ouvre la phase diocésaine du synode sur la synodalité annoncé par le pape François. Dans le monde entier, fidèles laïcs, clercs et personnes consacrées sont invités à se rassembler en paroisse pour échanger sur la mission de l'Église. Et comme le souhaitent certains, repenser ses modes de gouvernance.
C’est une première: un synode universel dans les diocèses. Alors que le pape François inaugurait le parcours synodal sur la synodalité le weekend dernier, la première phase de réflexion diocésaine, d’une durée de 6 mois, est inaugurée ce dimanche.
Ce synode sur la synodalité, annoncé en mai dernier par le Saint-Père, veut inclure tous les fidèles dans une réflexion de fond sur les structures de l’Eglise. Cette phase diocésaine est ainsi une des trois étapes d’un parcours de réflexion de 2 ans, qui s’achèvera au Vatican, en octobre 2023.
Interroger les modes de gouvernance de l’Église
Mgr Raymond Poisson est évêque de Mont Laurier, au Québec. Il le redit à ses diocésains comme à ses confrères: le synode sur la synodalité est une occasion de mieux «s’écouter pour comprendre comment, dans le monde et dans la vie de tous les jours, les baptisés sont les principaux missionnaires». Car les laïcs sont bien les premiers concernés par ce synode peu habituel.
Cette phase de réflexion diocésaine sera l’occasion pour les catholiques du monde entier de partager librement leurs questions. Et notamment: «Comment donner aux fidèles davantage de place dans la gouvernance de l’Eglise» aujourd’hui, pour leur permettre par exemple «d’avoir accès à des postes de décision?», questionne Mgr Poisson.
L’évêque canadien a d’ores-et-déjà organisé une après-midi de réflexion au sein de son diocèse, sur le thème de la synodalité. Une conférence et des groupes de partage entre paroissiens sont également au programme. «J’aimerais que nous invitions des personnes qui ne sont habituellement pas dans l’Eglise, comme des journalistes, des associations, des élus municipaux… Eux ici auraient surement quelque chose à dire sur l’Eglise», avance-t-il, enthousiaste.
La place des femmes et des jeunes au cœur des réflexions
Les enjeux pour l’Eglise sont nombreux, et la tâche immense. Car dans ce synode, il ne s’agit rien de moins que «d’imaginer un futur différent pour l’Église et pour ses institutions, à la hauteur de la mission qu’elle a reçue», écrit le Secrétariat pour le synode, dans son document préparatoire.
A la veille de cette phase de consultation en diocèse, la théologienne libanaise Souraya Bechealany lance, depuis Beyrouth, un appel aux jeunes et aux femmes à prendre leur place dans le processus de réflexion. «Il ne faut pas attendre que l’institution ou la hiérarchie fasse appel (à nous). Il faut que l’on prenne au sérieux notre baptême et l’appel du Christ et de l’Esprit-Saint», affirme-t-elle. «Une fois que nous cheminerons spirituellement et prendrons notre place dans l’Eglise, les choses viendront d’elles-mêmes.»
Elle insiste: «Ce que je crois fermement, c’est qu’il doit y avoir une place plus sérieuse accordée aux jeunes et aux femmes», martèle la théologienne, par ailleurs enseignante à l’université Saint-Joseph de Beyrouth. «Je ne dis pas que seulement dans la participation et la communion, mais aussi dans la décision et le leadership. Car si l’Eglise veut être dans la complémentarité, la femme et le jeune doivent y être présents.»
Des questions tout aussi importantes que délicates, qui interrogent la capacité de l’institution à se réformer pour répondre aux attentes de ses fidèles. Un enjeu auquel réfléchit de son côté Mgr Poisson: «Quand on parle de réforme, on parle donc de règles. Or, les règles ou la structure font partie de la vie. Il faut commencer par regarder comment nous vivons, pour voir si ces règles sont bien adaptées. Et par définition, elles ne le sont jamais… car la vie change. Il faut donc mettre les règles à jour.»
Cette phase de réflexion diocésaine se terminera en avril 2022, et laissera place à une phase de consultation continentale puis universelle.
Claire Riobé - Cité du Vatican