Ce samedi 2 octobre, une centaine de proches ainsi que des frères dominicains, le porte-parole des évêques et la déléguée épiscopale pour la vie consacrée ont rejoint les religieuses dans un retour aux sources pour célébrer un siècle d’histoire. Avec une prestigieuse continuité musicale aujourd’hui…
Dans "la morne plaine" de Waterloo, pointe un édifice de style néo-gothique flamand. Une dérogation de construction sur le champ de bataille napoléonien avait été accordée à la communauté dédiée à la mission au Congo, "en raison de services rendus à la colonie"; ce qui leur avait permis de quitter les ruines du vieux château voisin de Fichermont pour ériger le monastère en empiétant très partiellement sur des terres historiques.
Les premières sœurs rejoignirent des pères dominicains implantés dans le Haut Uélé, au nord-est du Congo et y fondèrent-elles aussi des communautés à Watsa, Niangara, Faradje et Rungu dans les années 1920.
Telle était leur vocation : "Allez, faites de toutes les nations des disciples. sans prosélytisme, dans une simplicité de vie, un engagement et un projet apostolique", rappelait le frère Philippe Cochinaux, provincial des dominicains de Belgique, lors de la messe d’action de grâces.
Face à lui, neuf sœurs, revêtues pour la circonstance de leur habit traditionnel, l’entendent rappeler le sens de la mission : "oser apprendre de l’autre, accompagner et soutenir les personnes confiées, marcher à leurs côtés. Devenir contagieuses de Dieu avec leurs charismes propres; semer sans compter, à temps et à contretemps car semer, c’est aimer."
Dans la foulée de Vatican II et l’appel à évangéliser l’Amérique Latine, les dominicaines missionnaires essaimeront au Chili fin des années soixante. Plus tard, aussi dans de petites implantations en Belgique où il s’agit, dans l’esprit du Concile encore "d’aller vers les hommes et les femmes des alentours", rappelle Marianne Goffoel, la prieure générale.
C’est cette histoire qui leur a vraisemblablement donné la grande ouverture sur le monde, qui les caractérise.
Faute de forces vives mais aidées par du personnel extérieur, les dominicaines de Fichermont accueilleront des réfugiés avant de céder en 1996 leurs bâtiments à l’archevêché de Malines-Bruxelles, qui, sur les conseils des religieuses, les confiera à la communauté du Verbe de Vie jusqu’en 2017 avant de les louer avec un bail emphytéotique à la prestigieuse école de musique Musica Mundi.
Une heureuse continuité
L’action de grâces se prolonge dans la chapelle, enchantée par un concert exceptionnel donné par de jeunes talents, occupants actuels du lieu.
Prodiges de la musique, brillants éléments, ils ont entre dix et dix-huit ans et viennent des quatre coins du monde suivre ici un enseignement individualisé, à la fois musical et général d’excellence, aidés pour la plupart par de généreux mécènes. Dans une atmosphère stimulante de respect mutuel, d’attention, de confiance et de dialogue, souligne la fondatrice de l’école, Madame Hagid Hassid-Kerbel, pour qui la musique est une façon d’apporter un message de paix au monde, en continuité avec le message des dominicaines.
Sœur Sourire, l’ex célèbre consoeur, entrée à Fichermont avec une guitare sous le bras aurait apprécié. A proximité immédiate, le chemin de l’alouette chante, poussant sa ritournelle vers le ciel.
Béatrice Petit