Face au dérèglement climatique et à ses conséquences sur les mouvements migratoires, les chrétiens (et leurs pasteurs) doivent refuser la passivité et promouvoir de nouvelles manières de vivre. Course à la consommation et recherche du profit maximal sont profondément incompatibles avec la transition écologique nous rappelle Philippe de Briey.

Arrêtons de faire l’autruche : inondations et incendies de plus en plus graves. Et pas d’espoir que cela puisse s’atténuer, car notre humanité toujours plus nombreuse et avide de confort a trop tardé à prendre et à accepter les mesures drastiques qui auraient dû être prises … Greta Thunberg n’avait-elle pas raison de manifester sa colère à l’ONU? Car, malgré les avertissements des climatologues, la plupart des dirigeants et des citoyens sont restés relativement impassibles, sans changer vraiment leur mode de vie et ses facilités, voyages lointains, croisières magnifiques, voitures et maisons toujours plus grandes et confortables, etc.
Les scientifiques nous avertissent: les inondations seront de plus en plus fréquentes et fortes. De même, les incendies de forêts, sans parler de la disparition quotidienne de nombreuses espèces animales et végétales. On assiste à des phénomènes en cascade qui accélèrent le dérèglement climatique, de sorte que les prévisions formulées il y a quelques années pour 2040, on les envisage maintenant pour 2030 ! Exemples de cercles vicieux: le dégel du permafrost libère des gaz qui aggravent l’effet de serre encore dix fois plus que le gaz carbonique (et il peut aussi libérer des virus…). De même la généralisation de l’airco dans les maisons ou les voitures. Quant aux incendies de forêts que la sécheresse rend de plus en plus incontrôlables, ils accroissent l’effet de serre et ce sont autant de « puits de carbone » en moins sur la planète.
Une autre conséquence prévisible de la crise climatique – qui a déjà commencé – c’est le déplacement massif de millions de personnes, suite aux inondations, sècheresses, famines, qui sont par ailleurs sources de conflits et de guerres.
Comment est-il possible que nos dirigeants des pays riches qui sont de loin les plus grands consommateurs et pollueurs de la planète soient si lents à prendre les mesures drastiques qui s’imposent? Voilà une question essentielle à se poser.
Que faire ?
La première chose à faire n’est-elle pas de prendre une conscience plus vive que plus de la moitié de nos semblables, si nous ne changeons pas profondément la situation, ne pourront pas faire face à toutes les catastrophes et que cela entraînera fatalement des invasions sans commune mesure avec les déplacements actuels de populations.
De telles perspectives interpellent fortement la conscience morale et donc aussi les religions. Celles-ci se doivent de les affronter par des paroles courageuses et des actes concrets susceptibles de secouer les consciences. En particulier, les chrétiens (et leurs pasteurs à tous les niveaux) devraient certainement faire partie de ceux et celles qui refusent la passivité et sont des lanceurs d’alertes, d’idées et de manières de vie nouvelles. Car, s’il y a un texte qui nous interpelle aujourd’hui, c’est bien l’Évangile : s’il promeut, bien sûr, le respect et l’amour de la création et de toutes les créatures de Dieu, il est aussi très radical dans ses invectives contre ceux qui accumulent l’argent et les richesses de toutes sortes, au lieu de les partager… Suivre notre Maître dans cette radicalité ne plaira pas à tout le monde, Lui-même nous en a avertis. Les appels vigoureux du pape François sont-ils suffisamment relayés par nos pasteurs, notamment lors des messes dominicales?
On ne relève pas assez la profonde incompatibilité entre la « transition » écologique et le capitalisme qui est le moyen pour les sociétés et les individus les plus riches de gagner de plus en plus d’argent grâce aux spéculations boursières auxquelles la plupart des gens n’ont pas accès. La recherche constante du profit maximal l’emporte sur le souci du bien commun, comme on le voit par exemple dans le refus de suspendre le monopole des vaccins afin de permettre à tous d’y accéder, ou de mettre fin sans tarder aux énergies fossiles.
Une autre mission essentielle des religions devrait être de promouvoir le dialogue entre tous les pays : car la crise climatique exige de mettre fin à la compétition des uns contre les autres et à la course à la consommation par la publicité (d’ailleurs encouragée fiscalement!). Cette course est le grand obstacle à l’émergence urgente d’un sentiment universel de faire partie d’une seule communauté d’humains qui, tout en étant différents dans leurs idées et croyances, sont profondément semblables dans leur besoin de justice et de bonheur. La crise écologique exigera, plus que tout, l’union de tous les pays.

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