Maison d’accueil pour sans-abris: “tous ces hommes sont des sinistrés.”


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Maison d’accueil pour sans-abris: “tous ces hommes sont des sinistrés.”
Maison d'accueil Saint Paul à Mons
Par Anne-Françoise de Beaudrap
Publié le
4 min

La maison d'accueil Saint Paul à Mons organise ce week-end, l'une des activités-phare de son année, ouverte au public. A l'occasion de cette exposition des dessins de Diel, auteur de BD montois, les visiteurs pourront rencontrer l'équipe qui se charge au quotidien d'aider les hommes en difficulté.

Maison d'accueil Saint Paul à Mons

La maison d'accueil Saint Paul à Mons organise ce week-end, l'une des activités-phare de son année, ouverte au public. A l'occasion de cette exposition des dessins de Diel, auteur de BD montois, les visiteurs pourront rencontrer l'équipe qui se charge au quotidien d'aider les hommes en difficulté.

La coordinatrice Lucie Mahier est stupéfaite de l'endurance des personnes accueillies dans les 51 places de la Maison d'accueil Saint Paul. En faisant référence avec les inondations de ce mois de juillet, "tous ces hommes sont des sinistrés. Ils arrivent sans rien et ils restent capables de faire des projets et de tenir debout." Ce public accueilli, exclusivement masculin, est composé de sans-abri, ils séjournent au sein de l'un des sites, le temps nécessaire pour trouver un logement. Depuis quarante ans, la structure créée par l'abbé Michel Diricq vise toujours le même objectif: "redonner à chacun les moyens et les raisons de vivre dans la société."

L'histoire de la fondation de cette Maison d'accueil Saint Paul explique à la fois son nom et sa vocation. Lucie Mahieu raconte: "La maison a été créée par des jeunes catholiques montois qui revenaient de Taizé. Ils étaient chargés de cette mission : 'Fais de ta vie une parabole de partage.' Ils se sont rendu compte qu'il ne fallait pas aller au bout du monde pour aider les autres. Ils pouvaient aussi faire des choses à côté de chez eux. Ensemble, ils avaient décidé de faire une sorte de maison de quartier. Ces jeunes ont cherché un lieu, ils ont trouvé la rue saint Paul, qui est dans un quartier populaire de la ville de Mons." Le nom Saint Paul faisait également sens du fait que l'apôtre a changé de vie en cours d'existence, un vrai tournant comme celui que connaissent les hommes aidés par la Maison d'accueil.

Tous acteurs de la société

La maison de quartier envisagée par les jeunes Montois pour une durée temporaire, s'est transformée en œuvre pérenne. Au début des années 1980, comme l'explique Lucie Mahieu, "l'association était constituée en asbl avec cette mission d'être un lieu de réinsertion pour les hommes." De fil en aiguille, le nombre de sites s'est développé jusqu'à permettre actuellement d'accueillir 51 personnes, ce qui reste trop peu au regard de la demande. Quand les hommes à la rue, ou leur entourage, trouvent le courage d'appeler la Maison d'accueil Saint Paul pour un premier contact, "beaucoup de ces appels reçoivent une fin de non-recevoir", reconnaît la coordinatrice de la structure. Il faut attendre qu'un occupant s'en aille pour qu'un autre puisse venir à Saint Paul. Une fois sur place, les assistants sociaux accompagnent l'homme pour résoudre ses difficultés administratives, financières ou sur le plan de la santé. Lucie Mahieu constate: "Ce qui embête sans doute le plus, c'est notre ingérence dans tous les aspects de leurs vies. On se mêle de tout : les papiers pour retrouver un revenu, faire un règlement collectif de dettes, régler les pensions alimentaires, solder les amendes, etc. Finalement, tout ce qui a été glissé sous le paillasson, nous le réglons pour rendre la vie plus facile après le séjour chez nous."

Spectacle mené par la Maison St Paul à Mons

L'accueil des hommes sans-abri souligne par ailleurs des questions cruciales sur la place de chacun dans notre société belge. "Il faudrait aller au-delà de ce qui se voit de la misère, espère Lucie Mahieu, en prenant la mesure des enjeux politiques et économiques de la société telle qu'elle va. Nous sommes tous des citoyens, donc acteurs de la société telle qu'elle est. Sans vouloir faire de la politique, nous sommes acteurs par la façon dont on comme, dont on se déplace, dont on achète, dont on respecte les gens qui bossent et ceux qui ne bossent pas…" Une série de réflexions sur la perception de notre société sont reprises dans le livre "Il nous faut drainer la colère", rédigé par Lucie Mahieu*. Un ouvrage qui sera également disponible à la vente lors de l'invitation ces 18 et 19 septembre 2021.

AF de Beaudrap

Exposition des Bandes dessinées et des planches de Diel, samedi 18 et dimanche 19 septembre de 14h à 19h, au 17 rue Saint Paul à Mons. Infos: secretariat@maison-saint-paul.be ou 065.34.80.94.

"Il nous faut drainer la colère", de Lucie Mahieu, éditions Academia, 217 pages.

A lire aussi: l'invitation complète pour ce week-end sur le site du Diocèse de Tournai

Catégorie : Belgique

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