
Rétablir les institutions indigènes
Une grande partie des terres du monde « sont des espaces autochtones », a conclu le cardinal Turkson, « la restauration de systèmes efficaces de gestion des ressources bioculturelles dans le monde doit inclure le maintien, et dans certains cas le rétablissement, des institutions autochtones à de multiples niveaux ».
Dans ses remarques, le cardinal ghanéen a rappelé que « de nombreuses recherches et études sur la production alimentaire indigène ont montré son potentiel, même en cas de changements dans l’utilisation des sols et du climat », et la grande valeur de leur restauration à l’avenir. Les peuples indigènes ont pu protéger les connaissances qui ont permis la perpétuation de leurs systèmes agroalimentaires au fil du temps, a-t-il précisé, et ces connaissances peuvent être utilisées dans les territoires où sévit la pauvreté alimentaire.
L’agriculture intensive, une menace
Citant des études sur la production alimentaire indigène à Hawaï et en Australie, le cardinal Turkson a souligné que l’utilisation de techniques traditionnelles s’est avérée cruciale pour la viabilité et la résilience des cultures et des espèces alimentaires indigènes, tandis que l’introduction d’espèces étrangères, accompagnée d’engrais, de pesticides et d’herbicides, « compromet gravement cette viabilité ». L’agriculture indigène traditionnelle en Afrique le démontre », a-t-il souligné.
Engrais chimiques, pesticides ou machines agricoles sur de grandes surfaces cultivées sont des méthodes, « inefficaces ou même nuisibles sur des sols fertiles, des cultures saines et des petites semences locales » selon le Préfet du dicastère du Vatican, mais « les intérêts économiques sont à l’origine de certaines de ces pratiques écocides! », a-t-il regretté.
L’autosuffisance alimentaire, une solution
Relevons que plusieurs organisations actives dans la coopération au développement – comme le CNCD 11.11.11, Iles de Paix, Entraide et Fraternité, ACDA, … – favorisent depuis longtemps l’agriculture familiale durable. Celle-ci doit être encouragée tant dans les pays du Sud que dans nos contrées.
Pour Entraide et Fraternité, il est vital de prôner la création de systèmes basés sur une production et une consommation locales et plus diversifiées. L’organisation relève même que « la crise sanitaire révèle l’échec du système industriel alimentaire mondial ».
Alors qu’ils sont sources de vie dans tous les sens du terme (respectueux de la planète et des êtres humains), les agro-systèmes indigènes sont donc en survie et à restaurer de toute urgence.
Nancy GOETHALS avec Vatican News
Crédit photo: cco Pixabay