Prière et mobilisation ce 15 avril sur l’île d’Haïti. Trois jours après l’enlèvement de sept religieux, les institutions dépendants de l’Église sur l’île sont en grève pour dénoncer l'insécurité. Une contestation inédite au lendemain de la nomination d'un nouveau Premier ministre.
Une situation maintes fois dénoncée avec force par les évêques qui, dans une lettre diffusée le 13 avril, ont déclaré la fermeture de toutes les institutions catholiques en signe de protestation. «Toutes les écoles catholiques, presbytérales, congréganistes, [les] universités et toutes les autres institutions catholiques» sont ainsi invitées à cesser leurs activités ce jeudi 15 avril. Ce même jour, «dans toutes les églises du pays, à midi sonnant, les cloches résonneront et la messe sera célébrée pour implorer la grâce de Dieu sur le pays et son aide pour la transformation des cœurs». Les évêques haïtiens célèbreront eux aussi à cette heure-là une messe, en l’église Saint Pierre de Pétion-Ville.
Protester contre «la dictature du kidnapping»
Dans cette lettre, les évêques dénoncent ce qu'ils appellent la «dictature du kidnapping» en Haïti: «Nous ne devons pas laisser aux bandits le pouvoir de nous tuer, de nous violer et de nous kidnapper. Nous devons nous unir dans la prière pour obtenir un meilleur pays», affirment-ils. Lundi déjà, l'archevêché de Port-au-Prince avait déploré la «descente aux enfers de la société haïtienne», et dénoncé l'inaction des autorités publiques de ce pays très pauvre gangrené par l'insécurité et plongé dans une crise politique profonde.
Dans le même temps, le président Jovenel Moïse a nommé mercredi 14 avril Claude Joseph, Premier ministre par intérim. Il était jusqu’ici ministre des Affaires étrangères. Selon le chef de l’État controversé, l’arrivée d’une nouvelle équipe permettra de mieux combattre les enlèvements et la violence des gangs.
Le président Moïse est fortement contesté par l'opposition et une bonne partie de la population. La justice estime que son mandat s'est achevé le 7 février, lui affirme qu'il lui reste un an à la tête de l'État, car il avait été élu lors d'un scrutin annulé pour fraudes, puis réélu un an plus tard.
Vatican News