Ces derniers jours, une nouvelle enquête a été réalisée à propos de l’exercice du culte. Elle a pour titre « Catholiques, Covid-19 et exercice du culte effectif ».
« Lancée à l’initiative d’un collectif de parents catholiques fortement préoccupés par la place laissée aux familles dans le cadre des restrictions imposées aux cultes, et par le danger que cela fait peser sur la transmission de la foi au sein de leurs familles », cette enquête s’est déroulée sur une courte période : du 16 au 21 mars, soit six jours. Le questionnaire a été transmis par courriel ou par l’intermédiaire des réseaux sociaux.
A ce stade, nous n’en saurons pas beaucoup plus sur les responsables de cette enquête, hormis le fait qu’ils signent Pauline et Laurent Thonon et Camille Le Grelle.
Une certaine confidentialité
2.671 personnes ont accepté de répondre à la vingtaine de questions. Les réponses couvrent l’ensemble du territoire géographique, avec 38% de Wallons, 32% de Bruxellois, 25% de Flamands et, plus étonnant, 5% sans réponse. Le questionnaire était soumis dans deux versions : francophone et néerlandophone. Les femmes y étaient majoritaires (60%). Seuls 7% des répondants appartenaient au clergé, tandis que près de 90% étaient des pratiquants réguliers.
Parmi les répondants, les quatre cinquièmes jugent trop prudente la réaction de la Conférence épiscopale pour la défense de la liberté de culte.
La pierre d’achoppement majeure est la « combativité vis-à-vis des autorités », jugée largement insuffisante par les signataires du questionnaire.
Une revendication précise
Les personnes sondées revendiquent la règle de la proportionnalité, soit la possibilité d’exercer le culte en fonction de la superficie du lieu. Pour parvenir à convaincre l’opinion du bien-fondé de leur revendication, une personne sur deux estime indispensable de mettre sur pied des « actions visibles à l’attention des autorités ou du grand public ».
Une question de confiance
La diffusion du questionnaire a privilégié les réseaux de connaissances. Ainsi, Marie (*) l’a-t-elle complété, rassurée par la personne qui l’a sollicitée, sans s’inquiéter des motivations des organisateurs. Alain (*) nous dit : « Cela m’a amusé. En plus, c’était court ! J’avais envie de voir toutes les questions et de donner mon avis. Je trouve que les évêques ne portent pas assez la parole des croyants. Très diplomates, ils sont un peu timides dans la négociation. Ils sont partagés entre répondre aux fidèles et jouer le jeu pour que la pandémie soit derrière, ne pas être montrés du doigt. Ils essayent de négocier à la marge. On a peu de retour, si on ne les titille pas. J’aurais aimé des évêques plus combatifs. » Pour Sophie (*), « enfin, on nous demande notre avis ! Cela fait des mois qu’on se sent privés et peu soutenus. »
Un reflet biaisé ?
Les résultats du questionnaire ont été remis à la Conférence épiscopale. Porte-parole francophone de celle-ci, Tommy Scholtes estime que « sans nier les résultats, il faut relativiser une enquête sollicitée auprès d’amis et de connaissances. Quelle en est sa représentation auprès de l’opinion en général, et même auprès des catholiques pratiquants ? C’est cela la question. » Qu’ils soient lacunaires, les résultats n’en témoignent pas moins d’un état d’esprit dépité.
Angélique TASIAUX
(*) pseudonyme
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