Voici l'homélie du Mgr Jean-Luc Hudsyn pour le mercredi des Cendres.
« Sonnez du cor dans Sion ! Rejoignez ce Dieu qui est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour ! »
Voilà le cri que nous lance le prophète Joël au moment où nous entrons dans ce carême. Et le psaume 50 nous invite à retrouver la joie d’être sauvés !
« Sauvés »… Etymologiquement c’est être conduit à la santé totale, à la plénitude de ce que nous sommes appelés à être. C’est ne pas vivre à moitié. Ne pas sous-vivre. Aller vers ce qui nous comble vraiment. C’est trouver les ressources pour mener ceux qui nous entourent vers plus de vie…
C’est ce que ce temps de pandémie à au moins le mérite de nous rappeler : au milieu de toutes ces restrictions, qu’est-ce qui est finalement vital, qu’est-ce qui nous sauve ? Nous le sentons bien, ce qui nous « sauve », c’est l’affection ; la solidarité ; le soin des autres ; avoir une vie qui a du sens – et pour nous : qui reçoit ce sens d’un Autre. Ce qui nous sauve, c’est de se donner, et de donner de l’espérance, de l’envie de vivre !
Le carême, c’est se réorienter pour prendre ces chemins-là ! Le carême c’est donc le contraire de la morosité, du repliement sur soi. C’est le contraire de la distanciation qui se méfie de l’autre ou s’en protège !
Le carême, c’est ce temps favorable pour retrouver encore plus profondément les chemins qui font vivre, les chemins qui re-suscitent la foi, l’espérance et bien sûr, la charité.
Ce n’est pas un temps pour rester à distance :
- Priez ! dit Jésus. Prier pour vous rapprocher de Dieu… ou plutôt, pour s’apercevoir qu’il nous est toujours proche ! Priez pour vous rapprocher de sa Parole qui relève, qui nous aide à traverser les épreuves, à nous mettre en état de passage, en état de Pâques!
- Jeûnez ! Jeûner de tout ce qui vous entrave dans votre rencontre : celle du Seigneur et des autres. C’est libérer l’accès à ces chemins d’intériorité qui nous mènent à la rencontre du meilleur de nous-mêmes. Un temps pour s’alléger, pour quitter ce qui nous encombre, ce qui nous endort dans la futilité, ce qui nous distrait inutilement de l’essentiel.
- Et partagez ! Partager pour être en lien, pour être uni : partager de notre temps pour prendre soin des autres. Partager un peu de ce que nous avons, de notre argent, pour mettre un peu plus de justice ici et avec ceux qui sont au loin.
Ce temps de Covid est suffisamment désolant pour que nous ne choisissions pas de profiter vraiment et avec joie de ce Carême. Oui, voici le temps favorable pour goûter cet amour dont nous sommes aimés. Pour entendre cette parole qui nous dit que nous en valons la peine et que nous pouvons réaliser de belles choses. Pour accueillir ce souffle qui veut nous envoyer. Un temps favorable à saisir pour vivre un peu plus intensément notre foi qui parfois dort un peu sous la cendre de nos paresses, de nos rancœurs, de notre complaisance à ne voir que ce qui va mal -ce qui peut nous donner parfois de bonnes excuses pour ne pas nous engager à faire le bien à corps et à cœurs perdus !
Voici le temps pour devenir des ambassadeurs du Christ, de son Evangile, de sa réconciliation, de son désir de fraternité et de paix. Des ambassadeurs à la fois de son punch, et de sa douceur !…
+ Jean-Luc Hudsyn
Photo: CC0-Pixabay-Peasant Princess