C’est dur. C’est long. C’est dur parce que c’est long! S’il est certain que ce confinement finira bien par finir, en attendant, il nous faut tenir. Et c’est dur.
Il y a pourtant des signes d’espoir. Pensons par exemple aux plans de relance, dont on a beaucoup parlé ces dernières semaines. Savoir que la Commission européenne s‘apprête à investir plusieurs centaines de milliards d’euros pour soutenir la reprise de l’économie de l’Union a de quoi nous réjouir. Idéalement, cet argent devrait permettre de soutenir les plus fragiles et d’encourager les plus audacieux. Plus fondamentalement, il nous donne la perspective d’un avenir. Ce dont nous avons ardemment besoin. Reste à déterminer la répartition du jackpot. Et en la matière, les débats sont rudes. Quels projets retenir? Quels secteurs privilégier? Quels effets de levier viser? Derrière ces questions, un véritable enjeu: quel type de relance souhaitons-nous? Et même: est-ce vraiment une relance que nous désirons?
Coincés dans de vieux réflexes, voire d’anciennes allégeances, le risque existe de privilégier le connu. De faire ce qu’on a toujours fait. Pour la simple raison que c’est ce qu’on a toujours fait.
Si on n’y prend garde, et même si on nous l’a cent fois répété, nous pourrions facilement oublier que toute crise est aussi une opportunité. Que le monde d’avant n’était pas si beau. Ni franchement fraternel. Ni vraiment durable. Et que, de tout drame, des leçons doivent être tirées.
Ainsi en est-il aussi de nos vies. Car ce qui est vrai au niveau sociétal l’est en fait pour chacun de nous. Ne pourrions-nous voir dans le confinement qui dure l’occasion de faire un exercice de relecture? D’identifier ce qui nous manque réellement? De pointer ce que nous voudrions garder? De cibler ce qui ne devrait plus arriver? Nous pourrions alors identifier ce que nous voulons relancer. Mais aussi les nouveaux projets qui pourraient être lancés.
Ce travail est profondément spirituel. Et si on veut le mener sérieusement, il nécessite de prendre un peu de temps. Ça tombe bien: on a encore quelques longues soirées d’hiver devant nous. Sans parler de ce confinement, qui pourrait être encore un peu long. Peut-être que ce sera dur. Mais si l’on essayait aussi d’en faire quelque chose de bon?
Vincent DELCORPS