Bien avant le 6 décembre de chaque année, les enfants se posent mille questions concernant la Saint-Nicolas. Les copains en parlent dans les cours de récréation et les enfants entre eux ou avec les parents, à la maison.
Ce sont: « Comment entre-t-il dans la maison sans faire de bruit? »; « Est-ce que son âne l’accompagne toujours? »; « Aime-t-il les carottes qu’on lui prépare sur la table? »; « Passe-t-il par la cheminée? »; « Est-ce qu’il a bien lu ma lettre de demande? »; « Où est-ce que saint Nicolas habite? »…
Questions et affirmations
Parfois les questions sont plus embarrassantes, ce qui prouve que les enfants ont un bon degré de réflexion. Une question, par exemple, se pose à certains dans notre société multiculturelle: « Pourquoi les enfants marocains, turcs et français qui sont dans ma classe n’ont rien reçu chez eux alors qu’ils ont été sages? » Souvent les parents rivalisent d’ingéniosité pour répondre aux questions de leur progéniture. Question d’enfant: « C’est pas possible qu’au même moment saint Nicolas puisse visiter les maisons de tous les enfants du monde! Comment fait-il? » Réponse de parents: « Oui mais, il est aidé par une multitude de lutins. »

Notre société de consommation fait aussi poser d’autres questions aux enfants: « Le Père Noël et saint Nicolas, est-ce qu’ils se connaissent? »; « Est-ce que saint Nicolas et Père Noël sont des jumeaux ou des cousins? »
Mais il y a aussi des affirmations, parfois surprenantes, tendres et cocasses du genre: « J’ai peur pour saint Nicolas avec ce virus parce qu’il est une personne âgée. » Ou encore des affirmations plus sévères: « Je ne veux pas recevoir des cadeaux de saint Nicolas. Je préfère que ce soit Père Noël qui me les apporte » (une fille de 5 ans); « Je vais demander du charbon à saint Nicolas parce que je n’ai vraiment pas été sage! » (un garçon de 7 ans).
La question la plus redoutable pour les parents et pour les enseignants, et qui arrive immanquablement un jour, est: « Est-ce que saint Nicolas existe vraiment? » Elle survient parce que les enfants grandissent, parce que d’autres ont affirmé que tout cela était faux. Parfois cette question est posée différemment: « C’est impossible que saint Nicolas apporte des cadeaux puisqu’il est mort depuis longtemps. » Le doute s’est installé. Ces questions ou affirmations mettant en doute l’existence de saint Nicolas posent une série de vraies questions pour les enfants chrétiens qui croient en Dieu et donc pour leurs parents et éducateurs à la foi:
« Si les parents ont inventé l’histoire de saint Nicolas, l’histoire de Jésus aussi n’est-elle pas inventée? »; « Et saint Nicolas qui est mort depuis longtemps, n’est pas venu apporter les cadeaux reçus, Jésus n’est peut-être pas ressuscité alors? »; « Pourquoi mes parents m’ont-ils menti depuis que j’étais petit? »
Quand vient le doute…
On sent bien que des questions essentielles doivent être approchées lorsque le doute s’installe et que des enfants ne croient plus en saint Nicolas.
Il est important que les parents et/ou éducateurs puissent expliquer aux enfants, le moment venu, que cette féerie de la Saint-Nicolas était une manière, dans notre culture, de faire plaisir, de témoigner de la tendresse pour leurs enfants, de leur procurer de la joie… Et cela est compatible avec l’Esprit du Christ et donc l’esprit de Noël. Une bonne manière de mener cette transition est de les associer à la préparation de la saint Nicolas pour des enfants plus petits et de leur permettre de se réjouir de la joie et de l’émerveillement partagés.
Il est important de faire prendre conscience de la différence qui existe entre le récit biographique de Nicolas, l’évêque de Myre (actuellement situé en Turquie) au IVe siècle, dont on sait fort peu de choses sinon qu’il était issu d’une famille de riches commerçants et qu’il a distribué toute sa fortune pour les pauvres et pour soulager la misère (d’où la tradition des cadeaux apportés par le grand saint), et les légendes de saint Nicolas et le « merveilleux » qui les accompagne (les enfants sacrifiés dans la salière puis ressuscités; le grand saint avec son âne qui passe de toit en toit et qui descend par les cheminées…).
N’est-ce pas là aussi une piste intéressante pour commencer à approcher avec les enfants, à peu près au même âge (à partir de 8 ans), et petit à petit, les rapports entre les récits bibliques tels qu’ils sont composés, dans les genres littéraires particuliers, et la vie du Ressuscité qui nous anime vraiment de son Esprit-Saint et qui nous invite à aimer, à pardonner, à partager, à faire preuve de tendresse, à partager de la joie… tous des éléments présents dans la fête et les traditions de la Saint-Nicolas?
Luc Aerens
Diacre,
comédien et pédagogue