La reconnaissance de la Grande Mosquée du Cinquantenaire est recalée suite à un avis négatif de l’État fédéral. La Sureté de l’Etat suspecte une emprise marocaine.
Cette demande avait été introduite par l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) et l’ASBL « Association de gestion de la Grande Mosquée de Bruxelles », en charge des lieux depuis la remise des clés en 2019. En effet, à l’époque, la commission parlementaire sur les attentats du 22 mars 2016 avait appelé à reprendre la gestion de la mosquée en main. Elle était jusqu’alors cédée à l’Arabie Saoudite depuis cinquante ans.

La Grande Mosquée a reçu un avis négatif concernant la reprise de ses activités. – CC-BY-Stephane Mignon
Rapport négatif de la Sureté de l’Etat
C’est un avis négatif du ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open Vld), sur base d’un rapport de la Sureté de l’État qui aurait dicté la décision. La justice fait état d’une emprise marocaine sur l’institution. Trois membres de l’ASBL, mise en place provisoirement par l’EMB pour diriger la mosquée pendant la procédure de demande de reconnaissance, sont suspectés d’espionnage. Ils feraient partie des services de renseignement marocains. La demande de reconnaissance est donc rejetée et l’Etat appelle l’EMB a faire le tri.
La RTBF soulève notamment la proximité du président de l’ASBL Salah Echallaoui (par ailleurs vice-président de l’Exécutif) avec le pouvoir marocain. De même, la Sureté de l’Etat aurait relevé un manque de diversité au sein du comité gestionnaire, trop marqué par les communautés marocaine et turque, au travers cette fois du président de l’EMB, Mehmet Üstün. La Grande Mosquée ne serait donc pas assez ouverte aux musulmans originaires d’autres pays ou aux Belges convertis.
La reconnaissance d’une mosquée, qu’est-ce que cela change ?
En étant reconnue, une mosquée devient un établissement public. Elle bénéficie donc de droits notamment la prise en charge de la rémunération de certains imams, d’avantages fiscaux ou encore d’un soutien public pour combler le déficit ou pour participer aux travaux d’entretien. C’est l’EMB qui s’occupe du dossier de reconnaissance et de la demande auprès des autorités. En contrepartie, la mosquée est gérée en toute transparence. Les relevés de comptes sont transmis aux autorités, ce qui permet d’éviter les financements étrangers. Les autorités publiques ont davantage de contrôle sur l’établissement et les imams signent une charte commune à tous les imams de Belgique.
Cette décision négative vient pérenniser la mise à l’arrêt des activités de la Grande Mosquée. En effet, même si la reconnaissance d’un lieu de culte n’est pas obligatoire, le cas de la Grande Mosquée est différent. L‘arrêté royal fixant les conditions de la concession à l’ASBL gestionnaire mentionne que la « non obtention de la reconnaissance de la communauté islamique locale de la Grande Mosquée de Bruxelles (…) met fin immédiatement et sans préavis à la convention de concession« . L’EMB peut toutefois tenter d’introduire une nouvelle demande. Elle sera à nouveau examinée par la région, la commune et le SPF Justice.