A l'annonce des mesures sanitaires prises par le Comité de concertation de la semaine dernière, tant les évêques que de nombreux prêtres et croyants se sont sentis frustrés et blessés. En effet, tandis que les commerces non essentiels peuvent ouvrir leurs portes en vue des "fêtes de Noël", les célébrations publiques restent suspendues jusqu'au 15 janvier.
Le fait que le Comité de concertation n'aie évoqué Noël que du point de vue de la réouverture des commerces, en omettant de parler de la dimension religieuse a choqué de nombreux croyants. Les réactions n'ont pas manqué. Ce mardi, les évêques de Belgique ont réagi par le biais d'un communiqué publié sur Cathobel tandis qu'une pétition à l'initiative de deux prêtres circulait sur les réseaux sociaux et internet. Cette dernière a récolté en trois jours près de 10.000 signatures et a été publiée sous la forme d'une carte blanche dans La Libre et De Standaard.
Le ton des deux documents est loin d'être vindicatif et chacun comprend bien qu'il faut faire des efforts. Comme l'écrivait Tommy Scholtes, porte-parole des évêques, "les évêques tout comme de nombreux croyants, ressentent toutefois ce confinement des célébrations religieuses publiques dans les églises, comme une limitation au vécu de leur foi." Ils souhaitent pour cela "reprendre le dialogue avec les services gouvernementaux compétents pour se concerter sur la reprise des célébrations religieuses publiques, reprise encadrée de protocoles qui garantissent une sécurité maximale."
Le diocèse de Liège a également fait part de sa frustration: "Fallait-il manquer à ce point de respect?" s'indigne Ralph Schmeder, porte-parole du diocèse dont Jean-Pierre Delville est l’évêque. "Vendredi passé, lors de la conférence de presse du comité de concertation au sujet des mesures sanitaires en vigueur jusqu’au 15 janvier prochain, avez-vous eu le même sentiment de frustration que moi? , écrit-il. Alors qu’il était question de la fête de Noël, dont les origines chrétiennes sont indéniables, pas un mot sur la question si les fidèles chrétiens auront la possibilité de se réunir dans les églises pour accueillir le Verbe fait chair! Il a fallu interpréter ce silence comme une prolongation de l’interdiction de vivre des célébrations publiques." … Le diocèse de Liège rappelle que plus de 2 000 paroisses ont mis en place des initiatives de solidarité. Il aimerait aussi que les 140 000 bénévoles qui s’investissent dans des domaines aussi variés que la catéchèse, la gestion des fabriques d’église, l’entretien, la visite des malades… soient considérés comme utiles à la société.
Célébrer autrement, certainement!
Certes, les fidèles devront réinventer la célébration de Noël comme ils ont mis en place d'autres manières de vivre leur foi. Cependant, ils aimeraient qu'on leur fasse au moins autant confiance qu'aux commerces pour leur permettre de célébrer Noël en communauté, avec le respect des distances bien évidemment. Dans leur carte blanche adressée au Premier Ministre, les signataires se disent "prêts à multiplier les messes et à être créatifs si vous nous en donnez les moyens et que vous vous ouvrez aux solutions alternatives (célébration en extérieur pour Noël par exemple)."
Les croyants réclament donc un juste équilibre de traitement au regard des mesures corona assouplies qui ont pris effet le 1er décembre.
Rester en communion
Quoi qu'il en soit, il est peu vraisemblable que les décisions changent. Les évêques demandent donc aux responsables des paroisses d'ouvrir le plus possible les églises durant le confinement. Ceci pour permettre aux croyants, seuls ou entourés de leur bulle familiale, de prier ou de vivre un moment de réflexion ou de contemplation. Ceux-ci sont aussi invités à rester en communion et solidaires des plus démunis en versant un don ou allumant une bougie dans leur église. Les évêques souhaitent que la crèche dans l'église soit accessible pendant la période de Noël, tout en respectant les mesures de protection contre le Covid-19. Et, enfin, ils rappellent d’être solidaires vis-à-vis de ceux qui traversent une période particulièrement difficile, suite à la crise actuelle."
Nancy GOETHALS