Apprendre à discerner ensemble


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Apprendre à discerner ensemble
Par Vincent Delcorps
Publié le
2 min

Depuis dix jours, les chrétiens se font largement entendre. En interpellant le Premier ministre, ils ont rappelé que la dimension religieuse de nos vies ne pouvait être une question relevant de la seule sphère privée. En demandant la levée de l’interdiction des célébrations publiques, ils ont témoigné de leur foi. Et cela fait du bien à voir!

Les échanges ont aussi révélé des clivages au sein de l’Eglise. En caricaturant un peu, il y a d’un côté les personnes qui considèrent la messe comme une nécessité vitale – et même un droit. Elles estiment que les pouvoirs publics bafouent leurs libertés et que les évêques devraient se montrer plus revendicatifs. De l’autre se trouvent celles et ceux qui mettent l’accent sur la nécessaire prudence, insistent sur les autres manières de vivre la foi, ainsi que sur la nécessaire solidarité avec les premières victimes du Covid. Par ailleurs, au rapport de force, ils privilégient une logique de dialogue avec les autorités politiques.

Que les positions soient plurielles, rien de plus normal! C’est même très sain. La question est plutôt: comment dialoguer? Et là, nous avons encore du travail. Ces derniers jours, on a vu de nombreuses personnes qui croyaient détenir la vérité. Pire: sur les réseaux sociaux, les accusations et noms d’oiseau n’ont pas manqué de voler – "en toute fraternité", bien sûr. En revanche, peu de place pour l’écoute, le doute, l’humilité, l’empathie. Dialoguer nécessite un déplacement. Nos évêques se rendent-ils sur les réseaux sociaux pour y observer le ras-le-bol qui s’exprime? Les fidèles prennent-ils suffisamment le temps d’imaginer les contraintes qui sont celles de leurs pasteurs? Et tous, avons-nous l’audace de nous demander si la réalité de notre voisin est forcément identique à la nôtre?

Il nous faut apprendre à dialoguer en Eglise. Mieux: à discerner ensemble. Peut-être n’y sommes-nous que peu habitués. Nous y sommes pourtant invités par le pape François, qui plaide pour l’établissement de structures plus collégiales et rêve d’une Eglise synodale. Son rêve doit nous guider. Car ce n’est qu’en œuvrant dans cet esprit que nous n’aurons plus à craindre le désaccord. Pas parce que celui-ci aurait disparu. Mais parce qu’il ne pourrait plus mettre à mal l’essentiel – notre unité.

Vincent DELCORPS

Catégorie : En dialogue

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