
Plus de 100.000 jeunes vont vivre leur grand camp comme une bulle d’air malgré le confinement (DR_Patro)
Le coup d’envoi des camps d’été des mouvements de jeunesse vient d’être donné. Malgré la situation particulière liée au Covid-19, 2.600 camps accueilleront 100.000 jeunes francophones et germanophones. Les voici donc tenus de rester dans leur pré et dans leurs bulles respectives.
Cette année, la zone autorisée pour les camps se limite à la Belgique et à une distance maximale de 150 kilomètres de ses frontières. Les mouvements de jeunesse se sont investis et unis pour permettre à chaque groupe de retravailler en profondeur leurs projets. A titre d’exemple, les pionniers de la 50e unité GCB de Louvain-la-Neuve ont troqué leur camp prévu en Lituanie, auprès de la communauté de Tibériade contre une expérience de maraîchage à Ittre. Tous y ont mis du leur pour faire contre mauvaise fortune bon cœur et faire preuve de créativité. Comme dans les 2.599 autres camps d’ailleurs.
Chacun dans son pré et sa bulle
Les risques liés au coronavirus ont chamboulé le déroulement des camps de cet été. On a beaucoup parlé dans les médias et dans les chaumières de la possibilité d’organiser les camps moyennant de limiter le nombre de participants à une ‘bulle’ de 50. Depuis, les structures bénévoles et professionnelles des mouvements de jeunesse se sont démenées pour accompagner au mieux leurs animateurs dans la préparation de ces camps inhabituels. Ainsi, ces derniers ont-ils pu mettre en place, entre autres, des alternatives pédagogiques aux activités suspendues à cause du Covid-19, notamment les hikes (marches de 2-3 jours), les journées d’excursions, les actions de service, etc.
Les mouvements de jeunesse ont aussi déployé les supports d’information et les outils pour s’assurer que chacun soit au diapason des mesures à respecter. Dans le cadre d’un partenariat, du matériel d’hygiène et de nettoyage offert par Colruyt a été distribué à tous les groupes.
Et ce 1er juillet, pour marquer l’ouverture de cette saison particulière des camps, les représentants de cinq mouvements de jeunesse se sont donné rendez-vous sur le camp du Patro de Rhisnes, à Ellezelles. Plusieurs ‘bulles’ vont y cohabiter, ce qui donne un bon aperçu des conditions spécifiques d’organisation des camps cet été. En présence des ministres Pierre-Yves Jeholet – pour la Fédération Wallonie-Bruxelles – et Valérie Glatigny – pour la Jeunesse -, les Guides, le Patro, les Scouts, les Scouts et Guides Pluralistes et Les Faucons Rouges ont pu présenter leurs aménagements et leurs revendications.

Cinq fédérations réunies pour exposer leurs souhaits de coordonner les projets (c) Mouvements de jeunesse francophones
Préparer le futur
La Belgique est l’un des pays au monde qui compte le plus grand nombre de jeunes membres d’un mouvement de jeunesse. Cela se voit particulièrement pendant les camps. Lors de leur rencontre avec les ministres, les mouvements de jeunesse se sont montrés ‘toujours prêts’ à veiller à la meilleure intégration des camps dans le tissu local. Ils veulent donc travailler à l’harmonisation des réglementations communales qui diffèrent parfois en ce qui concerne l’accueil des camps. Il existe d’ailleurs une plateforme de gestion des incidents en province de Luxembourg, qui aide à la sécurité et à l’entente mutuelle entre les nombreux camps et la population, chaque été. Le souhait des mouvements de jeunesse est que cette plateforme soit reconduite, voire étendue à d’autres provinces afin d’assurer la cohabitation sereine des camps, des riverains et des services publics. Par ailleurs, pour diffuser et appliquer largement les bonnes pratiques à l’échelon national, les mouvements de jeunesse ont l’intention d’établir une nouvelle charte des camps avec les autorités du pays, en incluant les mouvements néerlandophones.
Les camps sont synonymes de vie au grand air et en groupe, d’animation, d’apprentissage à la débrouillardise, d’attention à l’autre… Ce sont là des occasions de multiples expériences qui font grandir les jeunes. D’ailleurs, il n’est pas rare que le fait d’avoir été membre d’un mouvement de jeunesse soit un plus sur le curriculum vitae. Mais là n’est pas la question. C’est un plus tout simplement pour l’épanouissement et le développement des 100.000 membres, enfants et adolescents. Aussi les mouvements de jeunesse veulent que soit reconnue la qualité de l’éducation non formelle délivrée par les mouvements de jeunesse, que ce soit durant les camps ou pendant l’année.
Appel est donc fait aux pouvoirs publics pour qu’ils continuent de soutenir les mouvements de jeunesse. Lors de leur visite au camp Patro à Ellezelles, les deux ministres ont apprécié la capacité des fédérations et de l’ensemble des animateurs à prendre leur responsabilité. Pierre-Yves Jeholet reconnaît ainsi que « c’est le moment opportun pour travailler ensemble et répondre aux demandes et besoins des mouvements de jeunesse ».

Les ministres à l’écoute des animateurs. Ceux-ci font de leur mieux pour gérer la crise du Covid-19 et offrir des camps dignes de ce nom (DR-Patro)
Précautions et effusions de joie
Sur le camp patro à Ellezelles, 120 enfants, adolescents et animateurs vont cohabiter pendant dix jours. Il a donc fallu former trois bulles de 30 à 40 participants, ainsi qu’une petite bulle pour l’intendance et une autre pour l’équipe nettoyage. Les espaces et le matériel communs aux différentes bulles doivent en effet être soigneusement nettoyés entre deux utilisations. « Nous avons également prévu une pièce de quarantaine, au cas où on suspecterait un cas de coronavirus. On est préparés, même si on espère que rien n’arrivera », concluent les deux coprésidentes du Patro de Rhisnes, Romane Léonard et Emilie Delespesse…
Les animés, pour leur part, ont été bien drillés. Ils savent qu’il faudra se laver souvent les mains et bien rester dans sa bulle. Le quotidien sera donc différent sur les camps cette année. Mais l’essentiel ne change pas: les grands jeux, les constructions, les veillées autour du feu, les nuits sous tente ou en dortoir seront bien au programme de l’été.
Toutes ces précautions sont le prix à payer pour pouvoir vivre ces camps tant attendus. Les mouvements de jeunesse rappellent « ce qui fait notre ADN, c’est la formation progressive d’une cohésion de groupe au fil de l’année et des réunions hebdomadaires, avec le camp en point culminant. Cette année, il n’en sera que plus intense, plus vivant, plus riche. Il va y en avoir, des effusions de joie, en ce mois de juillet! »
Préambule ou conclusion…
Chaque année, plus de 15.000 jeunes adultes permettent à près de 90.000 enfants ‘le vivre ensemble’ grâce à leur engagement bénévole. Gratuitement, mais pas pour rien: à travers cette éducation non formelle, les mouvements de jeunesse forment des futurs C.R.A.C.S (citoyens responsables, actifs, critiques, solidaires) mais aussi autonomes, intérieurs, équilibrés, sociables et confiants. Ces fédérations veillent à outiller au mieux les jeunes éducateurs volontaires, passionnés et compétents dans cette mission. Le soutien tant des autorités que de la société en général est un préambule pour continuer à agir.
Nancy GOETHALS
![]() Pour garantir les ‘bulles’, les animateurs sont parés pour les camps (c) Mouvements de jeunesse francophones Des conditions de participation plus strictesCertaines précautions particulières devront être respectées cette année afin de réduire les risques de transmission du Covid-19 par les bulles de camps: mesures particulières pour les participants ‘à risque’, restrictions de participation en cas de contact avec une personne atteinte, délai à respecter entre deux camps (ou entre un camp et un stage)… Une procédure en cas de suspicion du coronavirusTous les groupes ont reçu des instructions sur les mesures à appliquer si des symptômes apparaissent chez un participant du camp: fiches médicales adaptées, espace de quarantaine à prévoir, personne de contact pour les autorités sanitaires, médecin référent pour le camp, journal pour répertorier les contacts avec des personnes extérieures à la bulle… La procédure d’urgence prévue par Sciensano (avec l’apport de la Pediatric Task Force, des mouvements de jeunesse et de l’ONE) pourra ainsi être appliquée partout en cas de besoin. Pas de camp mais des alternativesSur l’ensemble des mouvements de jeunesse, la diminution du nombre de camps par rapport à 2019 est de 5%. On constate par ailleurs que la plupart de ces groupes qui ne partent pas au camp cette année ont mis en place des alternatives, comme des journées d’activités sans logement sur place. |