Ils sont devenus « nos héros », peut-être à leur insu ou ils s’en défendent. Ils travaillent peut-être au moment où – chaque soir à 20h – la population les applaudit de sa porte, sa fenêtre ou son balcon. « Ils et elles » sont au chevet des patients ou veillent au bien-être des personnes (âgées, en institution…). CathoBel et Dimanche vous invitent à partager leurs ressentis. Aujourd’hui, une logopède témoigne de sa mission au cœur d’un hôpital.
Inès est attachée au service de gériatrie d’un hôpital. Parmi ses patients habituels, aucun ne compte moins de 75 printemps. Travailler avec des personnes âgées se révèle « gratifiant », observe la jeune femme, heureuse dans sa fonction.
En congé le premier jour du confinement, la logopède est en état de choc à son retour: « c’était l’horreur. Nous n’étions pas préparés à vivre une telle crise. Très vite, on pense aux autres et on oublie qu’on peut être aussi malade. On est dans l’action et le prendre soin ». A côté de l’urgence de la situation, les traitements ordinaires se poursuivent dans la méconnaissance des procédures à suivre. « Les patients ont été seulement dépistés après quelques jours et nous travaillions sans masque. La moitié des patients en gériatrie a dû attraper le coronavirus à l’hôpital. Le premier d’entre eux a d’ailleurs été contaminé par la visite de sa fille, porteuse sans le savoir. » Il lui faut une semaine avant d’entrer en contact avec des patients officiellement atteints du Covid-19. Un nouveau choc pour Inès, qui se croit « en guerre. Comme dans un film, les patients sont rangés l’un à côté de l’autre. Ils sont alignés et en vis-à-vis. Il ne manque que la tente verte, comme dans une salle de combat. La cacophonie est complète, sans aucune intimité. » Dans cette atmosphère tendue, où des soins de qualité continuent à être apportés, elle aide les patients qui se retrouvent avec des problèmes de voix et de déglutition, à la suite d’une intubation. « Ma vocation prend sens dans ces traitements. Il faut adapter la texture, la boisson, la position… Le patient va tout de suite mieux. »
Croyante, Inès estime que sa foi l’aide « à tenir » en dehors du feu de l’action, « lors de moments de ressourcement » bien utiles, notamment dans sa vie de couple. Car concilier une telle implication à celle d’un conjoint qui n’est « pas dans les soins » revêt un sens particulier. « La foi nous porte tous les deux dans cette épreuve », affirme-t-elle dans un grand sourire.
Angélique TASIAUX
Retrouvez de nombreux témoignages dans le dossier « Merci! » du Dimanche n°17