Dans une lettre ouverte, adressée aux élus bruxellois ce 26 février, les bénévoles de la Sister’s House, un lieu d’hébergement et d’accueil pour les femmes migrantes sur Bruxelles, qui doit fermer ses portes fin février, veulent alerter les autorités sur une urgence humanitaire qui concerne une centaine de femmes. Qui, dès qu’elles se retrouveront à la rue, seront victimes de violence.
La Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés a en effet annoncé la fermeture fin février 2020 de la Sister’s House, hébergement collectif par et pour les femmes, qui permet d’accueillir chaque soir, dans l’urgence, les femmes migrantes sans abri présentes au Parc Maximilien, à Bruxelles. La convention d’occupation précaire qui permet la mise à disposition actuelle arrive en fait à échéance.
Dans quelques jours à peine, les 26 places disponibles pour les femmes migrantes sans abri à la Sister’s House fermeront. Au-delà de ces 26 femmes, ce sont également les 38 (en moyenne) femmes (supplémentaires) hébergées quotidiennement à partir de la Sister’s House vers d’autres lieux, comme les familles solidaires, qui seront impactées. « Je crains donc que nous nous retrouvions rapidement devant 70 à 100 femmes à la rue lorsque ce lieu fermera » alerte la trentaine de bénévoles de la Sister’s House, dans une lettre ouverte adressée aux ministres et élus bruxellois.
« Je me permets donc de vous écrire pour vous faire part de cette urgence humanitaire, en plein cœur de Bruxelles, capitale de l’Union Européenne et vous demander des solutions concrètes, type bâtiment d’une capacité de 100 places, équipé de douches et sanitaires et accessible en transports en commun« .
Les femmes migrantes, peut-on lire dans la lettre, sont les victimes de violences dans leur pays d’origine comme sur l’ensemble du trajet qu’elles parcourent, avant et en Belgique. Les bénévoles se disent les témoins de leur extrême vulnérabilité autant que de leur résilience. Depuis novembre 2018, ce sont 140 citoyennes qui assurent, tous les soirs, « dans l’urgence et sans moyens », l’accueil et l’accompagnement des plus de 465 femmes ayant transité par la Sister’s House depuis son ouverture.
Pour les rédactrices de la lettre, la Sister’s House était une réponse à la défaillance de nos institutions démocratiquement élues. « À la seule force de nos convictions, nous n’avons cessé depuis 15 mois de rebondir, de faire évoluer, de créer des solutions pour assurer un accueil digne et humain à ces femmes, nos sœurs, nos amies. Madame/Monsieur, que se passera-t-il si ce lieu cesse d’exister ? » se demandent-elles aujourd’hui.
Par cette lettre, les bénévoles interpellent aussi les élus sur la manière dont ils vont prendre en charge, à l’avenir, cette « impérieuse nécessité d’une politique d’accueil à l’image de celle que nous avons pas à pas construite à la Sister’s House », rappelant la promesse – reprise dans la Déclaration de politique générale de la Région bruxelloise de juillet 2019 – de “répondre concrètement à la situation spécifique des femmes migrantes isolées ou accompagnées de mineurs” et de mettre “rapidement un espace d’accueil à disposition afin de leur permettre, avec leurs enfants, d’échapper aux difficultés particulières qu’elles rencontrent”.
Les bénévoles de la Sister’sHouse encouragent donc les autorités à prendre contact avec la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés pour leur proposer un bâtiment, capable d’accueillir une centaine de femmes, équipé de sanitaires et de cuisines, accessible en transports en commun, afin de perpétuer la mission de la Sister’House. Les bénévoles invitent aussi les citoyens à co-signer leur lettre pour manifester leur soutien à la cause des femmes migrantes à Bruxelles.
Pour lire la lettre des bénévoles de la Sister’sHouse dans son intégralité, cliquez sur ce lien.
S.D.