Malgré leurs visas conformes, une délégation éthiopienne menée par le cardinal Berhaneyesus Demerew Souraphiel d’Addis-Abeba a été arrêté à l’aéroport d’Asmara et s’est vu refuser l’accès en Érythrée.
La cathédrale de l’archéparchie catholique érythréenne d’Asmara est dédiée à « Kidane Mehret », c’est-à-dire à la Madone du Perpétuel Secours. A l’occasion de la fête patronale célébrée pour la cinquantième fois le weekend dernier, l’archéparchie avait invité une haute délégation de l’Église catholique éthiopienne.
Prix Nobel pour la Paix
Les deux Eglises catholiques de rite oriental ont été séparées pendant la guerre qui a opposé l’Érythrée pendant trente ans à l’Éthiopie. Or, en juin 2018, les deux pays ont formellement conclu un accord de paix, ce qui a fortement dédouané le régime autoritaire d’Isaias Afwerki à Asmara et qui a constitué une des raisons d’attribuer le Prix Nobel de la Paix au premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed.
Il était donc parfaitement sensé d’inviter pour l’occasion le cardinal-archéparque Berhaneyesus Demerew Souraphiel à Asmara, accompagné par un de ses évêques et le secrétaire général de la conférence épiscopale éthiopienne. Mais le régime érythréen ne l’a apparemment pas compris de la sorte : l’accès au territoire érythréen a été refusé aux trois prélats éthiopiens. Après avoir été détenus pendant plus d’une demi-journée, ils ont été contraints de reprendre l’avion vers Addis-Abeba.
La situation préoccupe le Vatican
Paix ou pas, isolement international ou pas, le gouvernement à Asmara (capitale de l’Érythrée) continue à s’en prendre surtout aux catholiques. L’Église minoritaire érythréenne catholique – de rite alexandrin – est en effet la seule à oser interpeller le régime sur son manque absolu de respect pour les droits de l’homme.
L’Église orthodoxe érythréenne, majoritaire (on estime que la moitié de la population érythréenne est orthodoxe), est également opprimée mais elle reste bien plus prudente.
Le gouvernement érythréen a déjà nationalisé tous les centres de soins de santé catholiques sur le territoire et il s’est aussi imposé dans plusieurs grands établissements scolaires catholiques. Ceci préoccupe également le Vatican. L’observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations-Unies à Genève, Mgr Ivan Jurkovic, a fait part jeudi 27 février de sa préoccupation concernant la saisie par le gouvernement érythréen des fonds destinés aux soins de santé et aux centres éducatifs de l’Église catholique. Auparavant, au nom de l’Église de Belgique, le cardinal Jozef De Kesel dans un courrier à l’archéparque d’Asmara, Mgr Menghesteab Tesfamariam, avait déjà exprimé sa solidarité avec la population opprimée et en occurrence avec les catholiques en Érythrée.
Benoit LANNOO
Photo: CC BY Flickr Medici Con l’Africa