L’Église indienne apporte son soutien aux musulmans


Partager
L’Église indienne apporte son soutien aux musulmans
Obsèques d'un homme musulman décédé dans des affrontements intercommunautaires à New Delhi (Inde) © REUTERS/Adnan Abidi
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
3 min

Obsèques d'un homme musulman décédé dans des affrontements intercommunautaires à New Delhi (Inde) © REUTERS/Adnan Abidi

Ce 27 février, L’Église d’Inde a appelé toute paroisse ou institution catholique à venir en aide aux musulmans, victimes de manifestations meurtrières qui ont fait 34 morts et 330 blessés selon un dernier bilan. Quelques jours plus tôt, les évêques catholiques d'Inde se sont élevé contre le "pseudo-nationalisme" de l'actuel gouvernement indien.

Depuis dimanche 23 février dernier, de nombreuses manifestations violentes ont lieu dans les périphéries de New Delhi. En cause, le projet de loi porté par le Premier ministre Narendra Modi visant à autoriser la nationalité indienne aux réfugiés non-musulmans du Pakistan, d’Afghanistan et du Bangladesh. Les Indiens musulmans voient là une manœuvre de plus pour les discriminer.

Dans une lettre adressée aux paroisses et institutions catholiques, l’archevêque de Dehli, Mgr Anil J. Couto, a expressément demandé qu’"en ce moment d’épreuve, alors que des révoltes improvisées tenaillent Delhi, nous nous mobilisions au travers de nos prières et de tout effort possible visant à porter secours aux personnes touchées en termes d’abri, de nourriture et de vêtements".

Les musulmans d’Inde, représentant 15 à 20% de la population totale, sont visés par des Indiens hindous armés de pistolets, sabres et pierres depuis plusieurs jours dans les quartiers du nord-est de la ville.

"Défendre la justice"

Pour l’avocate et religieuse de la Congrégation de la Présentation du Seigneur Anastasia Gill, il s’agit maintenant de porter secours à ces Indiens massacrés. Cette membre de la Commission pour les minorités à Dehli fait part des outrages dont sont victimes les musulmans d’Inde: magasins brûlés, militaires autorisés à détruire des propriétés privées, interdiction de soins dans les hôpitaux…

"Notre rôle est de défendre la justice", a-t-elle souligné à l’agence Fides. Sœur Anastasia Gill a ensuite incité les catholiques à "être solidaires des musulmans et des autres communautés en adoptant des mesures visant à mettre un terme à la violence", c’est-à-dire apporter un secours aux blessés.

Les évêques indiens contre le "pseudo-nationalisme"

Par ailleurs, l’assemblée plénière des évêques catholiques indiens, qui a clos ses travaux le 19 février dernier, s'est exprimée fermement contre le "pseudo-nationalisme" qui divise, contre les "nouvelles formes de totalitarisme" et pour le dialogue "qui constitue l’essence même du christianisme".

Le dialogue comme "chemin de vérité et de charité a été au coeur des travaux qui ont réuni les évêques des trois rites - latin, syro-malabar et syro-malankar - qui composent l’Église catholique en Inde.

Le document final de cette assemblée réaffirme que la religion ne saurait être un facteur discriminant, a fortiori dans la société indienne, caractérisée depuis toujours par un pluralisme certain. "Depuis les temps anciens, l'Inde est une mosaïque de religions, de cultures et de langues. Ce qui nous unit est plus fort et plus profond que ce qui nous divise", assurent les évêques dans ce texte, se déclarant "fiers de la Constitution indienne" qui consacre la laïcité de l'État et garantit à tous les citoyens "la justice, la liberté, l'égalité et la fraternité".

Le message rappelle que l'Église, fondée sur la Révélation biblique, a le dialogue pour vocation. C'est pourquoi elle "encourage les croyants à se respecter mutuellement ainsi que leurs traditions respectives, pour travailler ensemble à promouvoir la paix et l'harmonie et à œuvrer pour le bien commun de tous".

L’identité culturelle de chaque communauté vivant en Inde doit être respectée à tout prix, soulignent encore les évêques d'Inde. Il s'ensuit donc qu'aucune culture ou religion ne peut prévaloir sur les autres car "la soumission de certaines cultures à une culture dominante détruira la fraternité et l'harmonie existant dans le pays".

Source: Anne-Quitterie Jozeau, Vatican News (avec Fides)

Catégorie : Eglise monde

Dans la même catégorie