Ce 21 janvier, lors de la Vasilopitta au siège de l’Archevêché, et en cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, le Métropolite Athénagoras de Belgique a tenu un discours sur la nécessaire fraternité entre chrétiens. «Les murs de la séparation des Eglises n’atteignent pas le ciel», a-t-il notamment déclaré.
« Je suis heureux aussi qu’en tant que chrétiens aujourd’hui, nous soyons ensemble pour réfléchir sur le grand thème du souci de l’unité des chrétiens. C’est le Christ lui-même qui – dans son testament personnel – prie pour l’unité des chrétiens: « Saint Père, garde-les en ton nom, ceux que tu m’as confié, afin qu’ils soient un comme nous » (Jean 17: 11) » C’est par ces mots que le Métropolite de Belgique a débuté son intervention de ce mardi 21 janvier, lors de la célébration de la Vasilopita à la chapelle sainte Marina de l’archevêché Orthodoxe de Belgique.
Nouvel an orthodoxe
Chez les orthodoxes, il s’agit d’une tradition de nouvel an, autour d’un gâteau (littéralement, le « gâteau de Basile »). Une tradition qui s’apparente à notre galette des rois puisqu’il est de coutume, chez les Grecs, d’y cacher une pièce de monnaie. La personne qui la découvre dans sa part la conserve précieusement dans son portefeuille pour se garantir de la chance toute l’année. La première part est réservée au Christ, la seconde à la maison, la troisième au pauvre et les suivantes sont réparties entre les personnes présentes par ordre d’âge.
Restaurer l’unité visible
Le ‘rapprochement des chrétiens’ est une tâche très vaste et difficile, a poursuivi le Métropolite mais « Nous sommes tous d’accord de « contribuer » à ce rapprochement ». La question qui se pose alors est de savoir ‘quelle approche nous visons’ et ‘comment y parvenir’, explique-t-il.
Après être revenu sur les différentes crises qui ont abouti à la séparation du christianisme occidental et oriental, Athénagoras estime qu’il est temps de mettre nos différends/divergences de côté pour « chercher à restaurer l’unité visible des chrétiens ».
Etaient présents lors de cette célébration, Mgr Etienne Quintens, président de la commission nationale pour l’œcuménisme, le père Tommy Scholtès pour la conférence épiscopale catholique, Steven Fuite pour l’Eglise Protestante Unie de Belgique et Gerard Loreyn pour les Evangéliques, et enfin le Chanoine Mc Donald pour les Anglicans.
Un texte visionnaire
Il a ensuite souhaité évoquer l’oeuvre de pionniers et en particulier un événement historique, dont nous célébrons en ce mois de janvier le centenaire : l’encyclique historique de 1920 qui a été envoyée par le Patriarcat Œcuménique à toutes les Eglises chrétiennes du monde. Ce document appelait leurs dirigeants à établir une relation plus étroite les uns avec les autres. Le but spécifique de cette encyclique était de promouvoir la recherche concrète de la restauration de l’unité de l’Église en créant un organisme appelé « Alliance des Églises du Christ », sur le modèle de la Société des Nations établie un an plus tôt. « Il est généralement reconnu que l’Encyclique de 1920 a été l’un des facteurs les plus importants qui ont conduit plus tard à la création du Conseil Œcuménique des Eglises en 1948, dont le Patriarcat Œcuménique est co-fondateur » a mentionné le Métropolite pour qui « l’histoire du Mouvement Œcuménique est étroitement liée à l’Orthodoxie et, plus précisément, au Patriarcat Œcuménique« .

Métropolite Germanos Strinopoulos orthodoxia.be
« Ce qui est remarquable, poursuit Athénagoras, c’est que personne ne sait qui a écrit « L’encyclique du Patriarcat Œcuménique de Constantinople à toutes les Eglises du Christ » ». Le siège patriarcal étant vacant en 1920, on suppose toutefois que ce texte est de la main et de la plume du Métropolite Germanos Strinopoulos. Le document n’est pas un manifeste politique, mais un véritable appel chrétien, souligne le Métropolite de Belgique. Un texte qui commence par des mots retentissants et visionnaires : «Notre Église croit que les relations étroites et la compréhension mutuelle entre les différentes Églises chrétiennes ne sont pas empêchées par les différences doctrinales qui existent entre elles et qu’une telle compréhension est hautement souhaitable et nécessaire et utile à bien des égards, dans l’intérêt bien compris de chacune des Eglises respectives et en tant que Christianisme dans sa totalité, ainsi que dans la préparation et la facilitation de l’unité pleine et bénie qui pourra un jour être réalisée avec «l’aide» de Dieu». Le texte propose ensuite 12 méthodes par lesquelles les Églises pourraient s’entraider pour parvenir à une meilleure compréhension et à une unité plus étroite.
« Nous avons besoin les uns des autres »
« Certes, il existe aujourd’hui de nombreux dialogues bilatéraux entre les Eglises respectives et il se passe vraiment beaucoup de choses » a reconnu Athénagoras. Si les événements œcuméniques se multiplient, le Métropolite constate que de nombreux problèmes méritent vraiment une solution. Et de prendre pour exemples les mariages mixtes ou la date de Pâques, différente selon les confessions. Or, « nous avons besoin les uns des autres », affirme le Métropolite. Il estime dès lors que » par sa présence humble et discrète, l’Orthodoxie peut aider le christianisme occidental à retrouver les racines de l’Église indivise, mais elle a également besoin des charismes de l’Occident« .
Pour illustrer cette dynamique, il propose cette parabole de Khomiakov : «Un maître, en partant, laissa son enseignement à trois disciples. L’aîné répéta fidèlement ce que son maître lui avait appris. L’un des cadets ajouta à cet enseignement et l’autre en retrancha une partie. A son retour le maître, sans se fâcher avec aucun d’eux, dit aux plus jeunes: Remerciez votre frère aîné, sans lui vous n’auriez pas conservé la vérité que je vous ai donnée. Puis il dit à l’ainé: Remercie tes frères cadets, sans eux tu n’aurais pas compris la vérité que je t’ai confiée».
Poursuivre le dialogue
Au terme de son discours, Athénagoras cite le Cardinal Mercier : «Pour s’unir, il faut s’aimer. Pour s’aimer, il faut se connaître. Pour se connaître, il faut aller à la rencontre les uns des autres». Il invite l’assemblée à poursuivre le dialogue et à soutenir tout effort, afin qu’un même esprit nous rassemble croyants ou non, musulmans ou juifs, bouddhistes ou chrétiens, de quelque affinité que ce soit. Et conclut: «Les murs de la séparation des Eglises n’atteignent pas le ciel».
S.D.