La libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau par l’Armée rouge soviétique, il y a 75 ans, a été une première étape de ce que le monde allait découvrir: l’horreur indéfinissable. Auschwitz fut le plus grand complexe d’extermination du Troisième Reich. Lorsqu’on s’y rend, on découvre avec effarement et dégoût ce que le mal à l’état pur peut produire. On se rend compte que « la solution finale » voulue par les nazis a été, dans l’Histoire, ce qu’il faut appeler un projet industriel de mort et de négation de l’Humanité! J’ai eu l’occasion, il y a plusieurs années de me rendre à Auschwitz (devenue aujourd’hui Oswiecim): l’endroit est marqué à jamais. En hiver, la neige perd sa blancheur immaculée pour prendre une teinte grisâtre, comme si le souvenir restait permanent.
De fait, nous avons tous le devoir de nous souvenir pour que plus jamais cela ne puisse se reproduire. Nous avons plus encore le devoir de transmettre cette mémoire aux jeunes générations parce qu’au fil du temps les rares survivants disparaîtront. Lorsqu’on apprend que 10% des Français n’ont jamais entendu parler du génocide de la Seconde Guerre, il y a urgence. D’autant que cette proportion grimpe même à 19% chez les jeunes âgés de 18 à 34 ans, selon un sondage Ifop!
Il ne faut pas que les cinq à six millions de juifs exterminés par les nazis passent aux oubliettes de l’Histoire. Sans oublier les Tziganes, les homosexuels et tous ceux qui n’entraient pas dans les critères de la « race pure » ou simplement ne partageaient pas la vision du régime le plus barbare du XXe siècle.
Ce devoir de mémoire est encore plus important pour ceux qui n’appartiennent pas à la communauté juive. Le risque est grand de voir cette sombre période apparentée à de l’exagération parce que, notamment, sa mémoire ne serait entretenue que par la communauté juive.
Si l’école doit rester le principal vecteur de cette transmission historique, la transmission familiale est primordiale. Or, ces dernières décennies, elle a considérablement baissé. Ce qui explique non seulement les chiffres exposés ci-avant, mais aussi que les jeunes se laissent convaincre et votent pour les partis d’extrême-droite en Europe, y compris chez nous au Nord du pays.
Un proverbe brésilien dit: « Là où le sang a coulé, l’arbre de l’oubli ne peut grandir ». A méditer pour ne jamais oublier!
Jean-Jacques DURRÉ
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