COP 25: tout ça pour ça …


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COP 25: tout ça pour ça …
Par Sophie Delhalle
Publié le - Modifié le
4 min

Maudite jusqu'au bout, la COP25 s'est achevée dimanche 15 décembre avec quarante-deux heures de retard. Un accord a minima, des pays plus divisés que jamais, des avancées quasi insignifiantes ... Que retenir d'autres de ce fiasco?

« La communauté internationale a perdu une occasion importante de faire preuve d’une ambition plus grande », a déploré le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres. « Nous ne devons pas abandonner. » a-t-il néanmoins ajouté. La COP25 s’est en effet terminée sur un coup de marteau donné avec quarante-deux heures de retard, du jamais-vu dans l’histoire des négociations climatiques. Une partie des délégués étaient d'ailleurs déjà rentrés chez eux, les négociateurs restants, épuisés, ont finalement adopté des décisions qu’ils avaient, pour certains, à peine lues.

Décalage indécent

Il faut savoir que cette séance de clôture avait été repoussée une quinzaine de fois, par des Etats divisés, ne parvenant pas à trouver de consensus sur des sujets clés, en apparence techniques mais ayant des conséquences politiques. Une manière bien étrange - et en décalage flagrant avec les cris de la rue, surtout des jeunes - de faire face à l’urgence climatique. Alors que les petits Etats insulaires menacés de disparition par l’élévation du niveau des océans avaient fait part de leur détresse ; que les peuples indigènes amazoniens, victimes de la déforestation, avaient alerté sur leur vulnérabilité ; que des rapports d’éminents scientifiques étaient venus confirmer la fonte irréversible des glaciers si rien ne change.

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Prêts pour le changement

"Je crois que le plus grand danger n'est pas dans l'inaction, il se trouve lorsque les patrons et les dirigeants font croire que des actions sont en cours alors qu'en réalité, presque rien n'est fait à part de la comptabilité et des opérations de communications." a déclaré Greta Thunberg en ouverture de son intervention devant les délégués de la COP25. Pour la jeune femme qui a déjà parcouru le monde, "l'absence de prise de conscience est partout pareille" et en particulier chez ceux que nous avons élu pour nous gouverner. "Il n'y a absolument aucun sentiment d'urgence", dénonce-t-elle. "En cas d'urgence, vous changez d'attitude." affirme-t-elle encore. Or, le monde politique ne semble pas vouloir changer ses habitudes. Le peuple doit ressentir cette situation d'urgence pour pouvoir faire pression sur les dirigeants et les forcer à agir en conséquence. "C'est là où nous en sommes, encore et encore." Pour la jeune Suédoise, nous entrons dans une "nouvelle décennie qui définira notre avenir". Mais pour le moment, poursuit-elle, "nous cherchons le moindre signe d'espoir". Et il y en a, malgré tout, non pas chez les gouvernements ou les entreprises, mais bien dans le peuple "qui commence à se réveiller". "Lorsque nous prenons conscience, nous pouvons changer. Les gens peuvent changer, les gens sont prêts à changer." Source d'espoir donc dans les démocraties. "C'est l'opinion du peuple qui dirige le monde libre." Soulignant que tous les changements historiques étaient venus du peuple. Et de conclure "Nous n'avons pas à attendre. Nous pouvons amorcer le changement dès maintenant, nous, le peuple."

Bilan négatif?

Grâce à une alliance progressiste de petits Etats insulaires et de pays européens, africains et latino-américains, le bilan de cette COP n’est pas tout à fait nul. Près de 80 Etats ont montré qu’ils étaient prêts à accroître leurs efforts en 2020, comme cela avait été consigné dans l’accord de Paris sur le climat. De leur côté, les grands émetteurs que sont la Chine, l’Inde, les Etats-Unis, l’Australie ou le Brésil ont préféré rester sur le banc de touche. Une fois encore. Désolant.

«Le résultat final est faible, très faible. Il n’est pas à la mesure de ce qui est nécessaire. À part l’Union européenne (qui doit encore concrétiser), aucun grand émetteur de gaz à effet de serre n’a annoncé de plan sérieux pour arriver aux émissions nettes nulles en 2050 dont le Giec a montré la nécessité pour ne pas dépasser 1,5 °C de réchauffement», confie le scientifique belge, Jean-Pascal Van Ypersele, ancien vice-président du Giec, à nos confrères de L'Avenir. Il imagine et mesure la déception des nombreux jeunes, inspirés par Greta Thunberg, qui ont suivi cette conférence, avec beaucoup d'attention. «Les quelques progrès enregistrés (programme d’action sur le genre, meilleure prise en compte des enjeux liés à l’océan et aux terres…) sont périphériques par rapport à l’enjeu central de la Convention climat: réduire les émissions, et vite, pour garder notre planète habitable pour toutes et tous», ajoute encore le climatologue.

Dès lors, il ne nous reste plus qu'à nous consoler et espérer que la prochaine conférence, la COP26, qui se tiendra à Glasgow (Royaume-Uni), en novembre 2020, portera, elle, du fruit. Beaucoup de fruit ...

S.D.

 


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