
La belgo-nicaraguayenne Amaya Coppens a été présentée au Tribunal, hier mardi 19 novembre, et sera maintenue en détention jusqu’à la prochaine audience prévue le 28 novembre 2019
Souvenez-vous. Amaya Coppens, c’est cette jeune étudiante belgo-nicaraguayenne qui a passé neuf mois en prison, accusée d’être une « terroriste ». La jeune femme avait finalement été libérée, ses parents et son avocat n’ayant jamais baissé les bras. Elle avait aussi reçu, en janvier dernier, en prison, la visite de députés européens. Aujourd’hui, Amaya est de nouveau sous les verrous, après avoir voulu porter assistance à des mères de prisonniers.
« Nous sommes très préoccupés par la situation de 13 personnes qui, en guise de protestation, sont entrées dans une église au Nicaragua, qui a ensuite été encerclée et bouclée par la police. Nous sommes également préoccupés par le fait qu’un autre groupe de membres de l’opposition a été arrêté pour avoir fourni une aide uniquement humanitaire, accusée de graves accusations criminelles« . C’est en ces termes que débute le communiqué de presse du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, par la voix de son porte-parole Rupert Colville.
On apprend que, le 14 novembre, huit proches d’opposants politiques emprisonnés et une autre femme ont entamé une grève de la faim à l’intérieur de l’église San Miguel de Masaya. Le même jour, ils se sont retrouvés coincés à l’intérieur, encerclés par la police qui a coupé l’eau et l’électricité, empêchant également quiconque d’entrer dans l’église et de distribuer des fournitures humanitaires.
Au cours de la nuit, un groupe d’au moins 13 membres de l’opposition, dont la jeune Amaya (qui avait été libérée le 11 juin 2019 en vertu de la loi sur l’amnistie), ont été arrêtés après avoir fourni de l’eau aux personnes entourées par la police.
Rupert Colville estime que la détention d’Amaya pourrait être un acte de représailles pour avoir dénoncé la situation des droits de l’homme au Nicaragua et sensibilisé les responsables et les mécanismes de l’ONU. En effet, l’étudiante avait récemment rencontré le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies à Genève.
Les personnes arrêtées ont été accusés de trafic d’armes, « accusations apparemment fabriquées de toutes pièces » qui pourraient constituer une nouvelle tentative de réprimander la dissidence, poursuit le porte-parole.
Selon les informations recueillies par le Haut Commissariat, huit autres personnes auraient entamé une grève de la faim à l’intérieur de la cathédrale de Managua, exigeant la libération de toutes les personnes détenues dans le cadre des manifestations.
» Nous exhortons les autorités à garantir les droits des personnes vivant à l’intérieur de l’église, notamment en s’abstenant de s’ingérer dans la fourniture de nourriture, d’eau et d’assistance médicale. Chacun devrait pouvoir exercer son droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique sans craindre d’être attaqué. Nous appelons également à la libération de toutes les personnes qui pourraient être détenues arbitrairement et à ce que leurs garanties juridiques fondamentales soient respectées. Le gouvernement doit mettre fin à la répression persistante de la contestation et aux arrestations arbitraires en cours et s’abstenir de criminaliser et d’attaquer les défenseurs des droits de l’homme, les opposants politiques et toute autre voix dissidente. Nous réitérons notre volonté d’aider l’État nicaraguayen à s’acquitter de ses obligations internationales en matière de droits de l’homme et à retourner dans son pays si l’accès est accordé« . conclut le communiqué.
Comme nous en a informé Anne Van Hove, une proche d’Amaya, celle-ci a été présentée au Tribunal, hier mardi 19 novembre, et sera maintenue en détention jusqu’à la prochaine audience prévue le 28 novembre 2019.
S.D.