Ce samedi 9 novembre marque la chute du mur de Berlin et le début de la réconciliation et de la reconstruction européenne. L'occasion pour la COMECE d'appeler à œuvrer pour la paix et l'union.
Tous ceux qui ont vécu cette journée gardent ces images en tête. Des milliers d'Allemands de l'est, citoyens de ce qui encore la RDA (République démocratique d'Allemagne) communiste, traversant le mur séparant l'ex-capitale allemande ou celles du violoniste Mstislav Rostropovitch jouant au pied du mur sur lequel des manifestants avaient grimpé pour faire éclater leur joie.
Trente ans plus tard, l'Europe est réconciliée et unifiée. En 2012, l'Union européenne s'est vu attribuer le prix Nobel de la paix en tant que personne morale, précisément pour l'ensemble de ses actions en faveur « de la paix et de la réconciliation, la démocratie et les droits de l'homme en Europe ».
Dans le cadre du trentième anniversaire de la chute du mur de Berlin, la Commission des épiscopats de l'Union européenne (COMECE) appelle tous les citoyens du continent "à œuvrer ensemble pour une Europe libre et unie à travers un processus renouvelé de dialogue entre les mentalités et les cultures". Pour les évêques catholiques européens le mur de Berlin "était le symbole de la division idéologique de l'Europe et du monde entier", rappelle la COMECE dans un communiqué du 6 novembre 2019. Ils saluent cet événement qui a permis que, selon les paroles de Jean Paul II, l'Europe "respire avec ses deux poumons". La chute du mur de Berlin a non seulement une dimension historique mais aussi prophétique, souligne la COMECE. "Cet événement nous a appris que la construction de murs entre les peuples n’est jamais la solution".
Pour un avenir pacifique commun
Pour autant, toutes les attentes concernant la chute du mur n’ont pas été satisfaites, notent les évêques européens. "Les idéologies qui étaient à l'origine de la construction du mur n'ont pas complètement disparu en Europe et sont toujours présentes aujourd'hui sous différentes formes". Les évêques reconnaissent que pour certaines des victimes des régimes oppressifs du passé, ce processus est loin d’être achevé. Ils demandent à tous les Européens de "respecter nos expériences historiques différentes et de partager nos espoirs et nos attentes pour un avenir pacifique commun". Pour réussir, "nous devons nous rappeler que la culture de la rencontre implique la capacité réelle d’écouter avant tout", assure la COMECE.
Rappelons qu'aujourd'hui, notre Vieux continent est confronté à une montée des forces d'extrême droite véhiculant un discours de rejet des étrangers et de l'Union européenne. Ces discours se sont largement renforcées, ces dernières années, dans certains pays européens autrefois sous le joug du communisme. En Allemagne de l'Est, le parti populiste AFD est actuellement en plein essor. Il a notamment recueilli plus de 23% des voix, le 27 octobre dernier en Thuringe.
D'où la nécessité de rester vigilant et de promouvoir un sursaut européen pour contrecarrer l'eurosceptismisme montant. Il en va bien de la paix: l'Union européenne n'est certes pas parfaite, mais sans cette unité, nous en reviendrons à des nationalismes parfois exacerbés et à un repli sur soi, avec toutes les dérives que cela peut entraîner.
J.J.D.
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