Et si la Vierge Marie avait interrompu sa grossesse? Selon nos critères occidentaux contemporains, cela aurait été compréhensible puisqu’elle n’était pas encore mariée. Elle risquait la désapprobation de la société et la répudiation de Joseph, qui n’était alors que son fiancé. La détresse psycho-sociale de la femme enceinte était à un niveau que nous pourrions qualifier d’élevé. Pourtant, Marie a fait le choix d’accueillir une vie à naître sans en connaître tous les tenants et aboutissants.
Dans le débat actuel sur l’interruption volontaire de grossesse, les hommes et les femmes politiques semblent focalisés sur la diminution des modalités préalables au geste médical: délai de réflexion raccourci, peu d’informations fournies sur les autres possibilités autour de cette grossesse, et surtout allongement du nombre de semaines pendant lequel cet acte est dépénalisé. Certes, nous ne sommes plus au temps des avortements clandestins qui causaient tant de dégâts psychologiques et physiques à la femme. Mais, aujourd’hui, la manière d’accorder autant de « facilités » pour interrompre médicalement une grossesse risque d’aboutir à la banalisation de l’acte d’IVG.
On devrait espérer que les discussions se recentrent plutôt sur le ressenti des femmes (et des hommes) face à ce choix terrible qu’elles ont dû faire ou qu’elles s’apprêtent à subir. La proposition PS, SP.A, Ecolo, Groen, MR, Open Vld, Défi et PTB comporte une seule mention à l’accompagnement « médico-psycho-social » de la femme après l’interruption de grossesse. Imaginons le cas d’une femme (même à partir de quatorze ans) tourmentée par la perspective d’un enfant non désiré. Où trouvera-t-elle une oreille prête à l’écoute ainsi que des conseils judicieux? On connaît tous le rythme de travail dans les centres médicaux ou les plannings familiaux. Si le cadre juridique et légal simplifie les démarches pour l’avortement, cela représentera sans doute l’option privilégiée pour se « débarrasser » rapidement du problème. En oubliant que la jeune femme peut mûrir à cause de cette épreuve et peut-être accepter de donner la vie à l’enfant. Ou permettre que le bébé soit adopté dans une famille accueillante.
Anne-Françoise de BEAUDRAP
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